La multipolarité en elle-même ne suffit pas à garantir une communauté mondiale pacifique ou juste, a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres au sommet des BRICS à Johannesburg, en Afrique du Sud, soulignant que pour être un facteur de paix, d’équité et de justice dans les relations internationales, la multipolarité doit être soutenue par des institutions multilatérales fortes et efficaces.
Alors que la communauté mondiale évolue vers la multipolarité, dit-il, « nous avons désespérément besoin, et je l’ai vigoureusement défendu, d’une architecture multilatérale renforcée et réformée, fondée sur la Charte des Nations unies et le droit international ».
Le patron de l’ONU a participé au sommet des BRICS qui s’est tenu du 22 au 24 août à Johannesburg. Dans son allocution, il a fait remarquer que les structures de gouvernance mondiale d’aujourd’hui reflètent le monde d’hier. Elles ont été en grande partie créées au lendemain de la seconde guerre mondiale, alors que de nombreux pays africains étaient encore gouvernés par des puissances coloniales et n’étaient même pas à la table des négociations.
« Cela est particulièrement vrai du Conseil de sécurité des Nations unies et des institutions de Bretton Woods », a-t-il indiqué, estimant que, pour avoir des institutions multilatérales véritablement universelles, elles doivent se réformer pour refléter le pouvoir et les réalités économiques d’aujourd’hui, et non le pouvoir et les réalités économiques de l’après-seconde guerre mondiale.
« En l’absence d’une telle réforme, la fragmentation est inévitable », prévient António Guterres qui appelle à ne pas se permettre un monde avec une économie et un système financier mondiaux divisés ; avec des stratégies divergentes sur la technologie, y compris l’intelligence artificielle ; et avec des cadres de sécurité contradictoires.
Selon le FMI, une telle fracture pourrait coûter 7 % du PIB mondial, un coût qui serait supporté de manière disproportionnée par les pays à faible revenu, principalement en Afrique.
« C’est pourquoi je suis venu à Johannesburg avec un message simple : dans un monde fracturé et confronté à des crises accablantes, il n’y a tout simplement pas d’alternative à la coopération », a-t-il dit, soulevant l’urgence de rétablir la confiance et revigorer le multilatéralisme pour le XXIe siècle.