La question du Sahara occidental était au centre du débat, mardi et mercredi, à la quatrième commission de l’Assemblée générale de l’ONU. Amar Bendjama, représentant de l’Algérie, a déclaré que le Sahara occidental demeure la dernière colonie en Afrique, son territoire et sa population ayant été « cyniquement » dépecés et partagés en 1976 par deux pays voisins, le Maroc et la Mauritanie.
Enfermé dans le déni de l’historique de la question du Sahara occidental, le Maroc ne veut plus entendre, ni prononcer les termes d’autodétermination, de référendum, de consultation démocratique, d’observation onusienne des droits de l’homme, a affirmé le diplomate algérien, ajoutant qu’ au lieu de quoi la « puissance occupante » propose magnanimement l’octroi d’une autonomie limitée sous souveraineté marocaine. « Personne n’y croit. Et surtout pas le peuple sahraoui », a-t-il tranché, avant de poser la question de savoir « pourquoi le Maroc refuse la consultation libre du peuple du Sahara occidental sur son avenir ».
Pour Amar Bendjama, il est clair que cela s’explique par le fait que, malgré un demi-siècle d’occupation, le Maroc n’a pas été en mesure de gagner le cœur des Sahraouis, qui restent attachés à leur droit imprescriptible à l’émancipation.
En outre, il a reproché à la partie marocaine de ne plus parler désormais que du « Sahara marocain ». Mais la communauté internationale ne laissera pas faire, a-t-il prévenu, et elle s’appuiera à la fois sur le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU, qui affirme que « le Conseil de sécurité examine le Sahara occidental comme une question de paix et de sécurité, appelant à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui assurera l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ». La quatrième commission de l’Assemblé générale et le Comité spécial de la décolonisation l’abordent comme une question de décolonisation.
Il a également invoqué l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice (CIJ) en 1975, cette dernière ayant déclaré ne pas avoir « trouvé de lien juridique de nature à affecter l’application de la résolution 1514 sur la décolonisation du Sahara occidental et en particulier du principe de l’autodétermination par l’expression libre et authentique de la volonté du peuple du territoire ».
En guise de conclusion, Bendjama a demandé à la quatrième commission de rester vigilante face ces manœuvres du Maroc et de faire en sorte que justice soit enfin rendue au peuple du Sahara occidental.
Pour sa part, Omar Hilale du Maroc a rappelé qu’il y a 60 ans, son pays a demandé l’inscription de la question du Sahara espagnol à l’ordre du jour du Comité spécial de la décolonisation afin de récupérer ses provinces sahariennes. Selon lui, la décolonisation de ce territoire s’est définitivement achevée en 1975 lors de la Marche verte et de l’Accord de Madrid, entériné la même année par l’Assemblée générale.
« L’histoire onusienne du Sahara marocain aurait pu s’arrêter là, si ce n’était l’adversité de l’Algérie qui a créé, financé et hébergé le groupe séparatiste Front POLISARIO », a-t-il fustigé, précisant que ce pays voisin persiste sur cette voie en présentant selon lui une « avalanche de falsifications de l’histoire » et de distorsions du droit international.
Depuis près d’un demi-siècle, dit-il, l’Algérie ressasse les « sept mensonges fondateurs » du programme séparatiste de ce pays au Sahara marocain, à commencer par sa défense du droit à l’autodétermination, véritable « paravent » destiné à assurer la réalisation de ses visées hégémoniques. Pourtant, affirme Hilale, Alger ne s’est jamais prononcé sur les autres questions de décolonisation portées devant la Commission, et a même proclamé une République fantoche, une pratique contraire à l’autodétermination.
L’Algérie, a-t-il ajouté, s’est intéressée aux résolutions du Conseil de sécurité jusqu’en 2001, lorsque que le secrétaire général a déclaré l’inapplicabilité du plan de règlement et ainsi, l’obsolescence du référendum.