Analyste des questions sociopolitiques, sécuritaires et militaires de la République démocratique du Congo (RDC) et de l’Afrique médiane, Jean-Jacques Wondo Omanyundu, affirme que la nomination du général à la retraite James Kabarebe au ministère des Affaires étrangères en charge de la coopération régionale est « un signal d’une diplomatie belliciste » que compte imprimer le président rwandais, Paul Kagame.
Si pour les communs des mortels, cette nomination est un acte anodin, il n’en est pourtant pas le cas pour l’auteur de « l’essentiel de la sociologie politique militaire africaine » qui, fort de sa maîtrise des questions de défense et de sécurité, révèle ce qui se cache derrière le choix de Kagame porté sur celui qui est accusé par le dernier rapport du Groupe d’experts de l’ONU d’avoir « conçu et coordonné les opérations de l’armée rwandaise » menées dans la province congolaise du Nord-Kivu.
« Après la restructuration de la RDF (armée rwandaise Ndlr), le général en retraite James Kabarebe devient ministre rwandais des Affaires étrangères chargé de la Coopération régionale. La nomination de ce vétéran des guerres des Grands-Lacs est un signal d’une diplomatie belliciste que compte imprimer Kagame », a-t-il indiqué.
Conseiller spécial en matière de sécurité de Paul Kagame, James Kabarebe a été récemment mis à la retraite (entant que général). Sa nouvelle nomination aux Affaires de l’EAC, qui intervient un mois après, est, selon Michel Wrong, autrice du « Rwanda, assassins sans frontières », un livre parle notamment d’une campagne d’assassinats et d’intimidations des dissidents rwandais à l’étranger, une manière pour le président rwandais de narguer la communauté internationale.
« Il y a un mois, le général James Kaberebe a été mis à la retraite, ce qui a suscité des spéculations naïves sur le fait que Kagame renvoyait quelqu’un cité dans un rapport de l’ONU comme coordonnant les opérations militaires illégales du Rwanda dans les Kivus. Maintenant Kabarebe est de retour. Sa reconduction revient en fait à dire que le Rwanda cède deux doigts à la communauté internationale. Les sanctions symboliques annoncées par l’UE et les États-Unis contre des responsables militaires rwandais de bas niveau ont, sans surprise, convaincu Kagame qu’il peut faire ce qu’il veut », a dénoncé la journaliste britannique.
Pour le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha), cette nomination est « une insulte envers les Congolais et un résultat de la complaisance de la communauté internationale à l’égard des oligarques rwandais déstabilisant la RDC ».
Au regard de cette situation, cette structure de la société civile estime qu’ au lieu de sanctionner symboliquement des militaires rwandais de rang inférieur comme l’ont fait les USA ou l’UE, il faut rompre toute coopération avec le Rwanda « qui agresse un État souverain en violation des normes internationales » car, rappelle la Lucha, « les vies des Congolais comptent ».