L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands Lacs, Huang Xia, est attendu au Conseil de sécurité, le 24 avril, pour la présentation de son rapport semestriel sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région.
Six mois après son dernier rapport, la situation n’a pas changé. Il y a toujours un risque d’une confrontation directe entre la RDC et le Rwanda, suite à la poursuite des opérations de l’armée rwandaise sur le territoire congolais. En plus, le Burundi accuse l’administration Kagame d’armer les terroristes Red-Tabara pour le déstabiliser.
Dans le cadre de la préparation de son dossier à soumettre au Conseil de sécurité, Huang Xia était le 27 mars à Luanda en Angola, où il a échangé avec le président João Lourenço sur les tensions régionales. A l’issue de cet entretien, le diplomate onusien a souligné les efforts déployés par le chef de l’Etat angolais pour la paix dans la région des Grands Lacs.
Sur le terrain, les affrontements se poursuivent entre l’armée congolaise et la coalition M23-RDF. La situation humanitaire y est de plus en plus préoccupante. Les combats se concentrent à Sake, un verrou stratégique situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.
Devant le CS de l’ONU, Huang Xia pourrait revenir sur les résultats de la réunion ministérielle tenue à Luanda le 21 mars pour préparer le tête-à-tête Tshisekedi-Kagame. Les délégations congolaise et rwandaise sont parvenues à une convergence de vues sur plusieurs points clés, notamment l’engagement en faveur des initiatives régionales (processus de Nairobi et de Luanda), la cessation des hostilités et à la mise en œuvre par la RDC d’un plan de neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), groupe armé opérant dans l’est de la RDC et impliqué dans le génocide rwandais contre les Tutsis. Par la suite, le Rwanda réexaminera les récentes mesures qu’il a mises en place pour assurer sa défense et sa sécurité.
Cependant, des désaccords subsistent entre Kinshasa et Kigali concernant la mise en œuvre de la cessation des hostilités. Pour la RDC, le désengagement des forces entraîne le retrait des forces de défense rwandaises du territoire congolais. En revanche, le Rwanda a soutenu que la cessation des hostilités impliquait un cessez-le-feu surveillé entre les FARDC et le M23, couplé à un processus de désengagement des forces. Les délégations ministérielles devraient se réunir à nouveau à Luanda avant la rencontre entre les deux chefs d’État.
Dans son rapport, Huang Xia reviendra certainement sur la nécessité de revitaliser l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. Ce document a été signé par 11 pays de la région à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 24 février 2013, pour mettre fin aux cycles récurrents de conflit dans l’Est de la RDC. Le 31 janvier 2014, deux autres pays, le Kenya et le Soudan, sont devenus signataires dudit accord.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 2098 (2013) saluant la signature de cet accord et reconnaissant son potentiel à susciter un processus susceptible de créer une stabilité et une paix à long terme dans la région des Grands Lacs.
L’Accord-cadre d’Addis-Abeba décrit les engagements concrets nationaux, régionaux et internationaux des signataires, visant à mettre fin à la violence dans l’Est de la RDC et à instaurer la paix et la stabilité à long terme dans la région.