L’ONU a écrit au Rwanda et au Kenya pour obtenir des informations « urgentes » sur la disparition à Nairobi (depuis le 30 juin 2023) du défenseur des droits de l’homme rwandais, Yusuf Ahmed Gabana, a annoncé jeudi Mary Lawlor, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits humains.
Né au Rwanda en 1967, Yusuf Gasana était enregistré par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (UNHCR) comme réfugié au Kenya, où il vivait avec sa famille. Il est porté disparu depuis le 30 juin 2023.
L’ONU est catégorique : L’enlèvement et la disparition forcée du défenseur des droits humains rwandais Yusuf Ahmed Gasana au Kenya et sa prétendue restitution extraordinaire au Rwanda, il y a un an, ne doivent pas rester sans réponse.
« J’ai écrit aux gouvernements kenyan et rwandais pour obtenir des informations urgentes sur son sort, son lieu de détention et son bien-être. Il est particulièrement alarmant que les inconnus qui ont enlevé et fait disparaître de force M. Gasana à son domicile soient soupçonnés d’être des agents de l’État kenyan. La famille de M. Gasana a besoin de réponses de la part des autorités kenyanes, qui doivent enquêter immédiatement sur l’incident et révéler ce qu’il est advenu de lui et où il se trouve », a déclaré Mary Lawlor.
Entre septembre 2023 et mars 2024, la famille de Gasana a appris de sources informelles qu’il était détenu dans un centre de détention secret au Rwanda avec plusieurs autres personnes qui n’avaient pas encore été inculpées. L’ONU pense que Gasana a pu être considéré avec suspicion en raison de ses déclarations selon lesquelles le Rwanda n’était pas un pays sûr pour le rapatriement.
« J’exhorte vivement les autorités rwandaises à vérifier les informations faisant état de sa détention, à informer sa famille de son sort et du lieu où il se trouve et à assurer sa sécurité », a-t-elle dit.
Le 30 mai 2023, Gasana a été enlevé à son domicile à Nairobi par des personnes non identifiées et victime d’une disparition forcée. Après avoir signalé sa disparition aux autorités kenyanes, la famille de Gasana n’a reçu aucune réponse. Dans le cadre de sa procédure humanitaire d’urgence, le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires a soulevé son cas auprès du gouvernement kenyan et dans son rapport au Conseil des droits de l’homme en septembre 2023, déclarant que l’enlèvement et la disparition forcée de Gasana auraient été perpétrés par des agents de l’État.
Selon plusieurs ONG, dont Human Rights Watch (HRW), le régime rwandais ne cesse d’utiliser des méthodes terroristes d’enlèvements et d’assassinats des réfugiés rwandais dans les pays d’accueil. Elles évoquent, à titre illustratif, l’assassinat du colonel Karegeya en Afrique du Sud, de Révocat Karemangingo au Mozambique, assassinat de Seth Sendashonga et du Colonel Lizinde Théoneste à la suite d’un enlèvement au Kenya, les enlèvements du Capitaine Ntirugiribambe Jean Chrysostome en Juin 2015 et de Emile Gafirita en novembre 2013 à Nairobi et de bien d’autres en Afrique ont été commis en toute impunité.