Les Nations unies ont salué mercredi la décision du gouvernement britannique (dirigé par le Parti travailliste) d’abandonner le partenariat migratoire conclu avec le Rwanda, qui prévoyait le transfert des demandeurs d’asile qui remplissent certaines conditions vers le pays de Paul Kagame pour le traitement de leur demande.
Pour les experts indépendants des droits de l’homme de l’ONU, qui ont fait une déclaration depuis Genève, en Suisse, il s’agit d’une étape importante pour garantir le droit d’asile et la protection des droits de l’homme de tous les migrants et réfugiés qui cherchent une protection au Royaume-Uni, quelle que soit la manière dont ils arrivent.
Deux ans après l’annonce initiale du partenariat entre le Royaume-Uni et le Rwanda en matière d’asile, l’ONU parle d’un soulagement que le gouvernement britannique ait finalement pris la décision courageuse d’abandonner ce projet controversé.
« Nous sommes encouragés d’apprendre que le Royaume-Uni envisage de reprendre la responsabilité de l’État dans la réception et l’évaluation des demandes d’asile individuelles au niveau national », ont déclaré les experts onusiens, estimant que ce projet aurait externalisé les obligations du Royaume-Uni en matière d’asile et posé de graves risques pour les droits de l’homme des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés, et aurait également porté atteinte au système de protection internationale de manière plus générale.
Cependant, l’ONU se dit impatiente d’en savoir plus sur les nouvelles mesures et réformes en matière de gouvernance des migrations et de l’asile au Royaume-Uni.
« Nous réitérons notre appel au gouvernement britannique pour qu’il veille à ce que les mesures de gouvernance des frontières, y compris celles visant à lutter contre les arrivées dangereuses et irrégulières de migrants, respectent pleinement le droit international des droits de l’homme et le droit des réfugiés », ont-ils dit.
C’est en 2022 que le gouvernement britannique a annoncé pour la première fois un nouveau partenariat sur la migration et le développement économique avec le gouvernement du Rwanda. En novembre 2023, la Cour suprême du Royaume-Uni a jugé que ce partenariat en matière d’asile était illégal au motif que le Rwanda ne pouvait pas être considéré comme un pays tiers sûr en raison de sa pratique passée de refoulement. En réponse à cette décision, les deux gouvernements ont ensuite signé le traité de partenariat Royaume-Uni-Rwanda en matière d’asile le 5 décembre 2023, qui a ensuite été ratifié par le Parlement britannique en avril 2024. Le gouvernement britannique a également publié le projet de loi sur la sécurité du Rwanda en décembre 2023 pour exiger de tous les décideurs au Royaume-Uni qu’ils traitent définitivement le Rwanda comme un pays tiers sûr, que le Parlement britannique a adopté comme loi le 23 avril 2024.
Depuis l’annonce de la politique entre le Royaume-Uni et le Rwanda en 2022, le HCR, le HCDH et plusieurs mécanismes des droits de l’homme des Nations unies ont exprimé à plusieurs reprises leur inquiétude quant au fait que l’accord controversé sur l’asile entre Londres et Kigali n’était pas conforme aux obligations du Royaume-Uni en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit des réfugiés.