Au point mort depuis fin 2023, le processus de Nairobi est un dialogue direct entre le gouvernement congolais et les groupes armés de l’Est du pays, excepté le M23 qui occupe pourtant des pans entiers du Nord-Kivu avec l’appui de l’armée rwandaise. Pour les trois pays africains membres du Conseil de sécurité de l’ONU plus la Guyane (A3+), il est essentiel d’ « accélérer » cette initiative facilitée par l’ancien président du Kenya, Uhuru Kenyatta, afin de trouver solution durable.
Alors que Kinshasa priorise les négociations de Luanda avec Kigali, sous la médiation du président João Lourenço, l’Algérie, le Mozambique, la Sierra Leone et la Guyane suggèrent que l’initiative de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) soit aussi prise en compte. Les A3+ se disent « fermement convaincus » qu’une solution permanente au problème de ces groupes armés nécessite un soutien fort et une volonté politique aux niveaux national, régional et international.
« Au niveau national, il est essentiel d’accélérer la mise en œuvre du processus de Nairobi pour résoudre durablement le problème des groupes armés locaux. Dans le même temps, le gouvernement de la RDC doit poursuivre ses efforts pour assurer une forte présence de l’État dans tout l’est de la RDC. Il s’agit d’un élément essentiel pour assurer la sécurité et la stabilité – un appareil d’État bien équipé et fonctionnel, capable d’administrer efficacement le territoire et de contrer toutes les menaces », a déclaré Carolyn Rodrigues-Birkett, représentante permanente de la Guyane auprès des Nations unies, au nom de l’A3+, suite à l’adoption mardi d’une résolution du Conseil de sécurité sur le soutien de la Monusco à la SAMIDRC.
Ce même mardi, le président Félix Tshisekedi a réitéré son refus de dialoguer avec le M23. Une position ferme qui traduit sa méfiance à l’égard du processus de Nairobi. Selon lui, « le président William Ruto (du Kenya) a pris fait et cause pour le Rwanda ». Toutefois, il reste ouvert pour des discussions avec son homologue rwandais à Luanda. « Ce que je veux, c’est discuter avec Paul Kagame, criminel de son état », a-t-il tranché.
Dans ce contexte, les A3+ ont reconnu que le processus de Luanda et l’Accord-cadre d’Addis-Abeba sont également importants pour résoudre les problèmes de paix et de sécurité dans la région et pour réduire les tensions entre les deux pays.
« Nous saluons le rôle joué par le président angolais João Lourenço pour faciliter le dialogue entre la RDC et le Rwanda dans le cadre du processus de Luanda et nous saluons le récent cessez-le-feu négocié dans ce cadre. Nous exhortons les parties à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour garantir que le cessez-le-feu conduise à une désescalade permanente des tensions et au développement de relations de bon voisinage et d’une coopération solide au bénéfice des peuples congolais et rwandais », a indiqué Carolyn Rodrigues-Birkett.
Par ailleurs, les quatre pays ont souligné que le Conseil de sécurité a un rôle clé à jouer pour parvenir à une solution pacifique au conflit dans l’Est de la RDC, conformément à sa responsabilité première en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Dans le même temps, ils disent « espérer » que les forces de sécurité de la RDC continueront d’être renforcées et seront en mesure d’assumer pleinement toutes les responsabilités en matière de sécurité dans les provinces de l’Est.
Exclus du processus de paix de Nairobi, les rebelles du M23 réclamant un dialogue direct avec l’administration Tshisekedi, ne sont pas non plus partie prenante aux pourparlers de Luanda, qui abordent les tensions politiques entre Kinshasa et Kigali.