Le représentant permanent adjoint du Royaume-Uni auprès de l’ONU, James Kariuki, a exprimé vendredi, devant le Conseil de sécurité, la préoccupation de son pays face à la présence continue des troupes rwandaises dans l’est de la RDC, combattant aux côtés des rebelles du M23, qui poursuivent leur expansion territoriale au Nord-Kivu.
« Déçu » par le report du sommet tripartite Tshisekedi-Kagame-Lourenço, qui était prévu le 15 décembre à Luanda, pour la signature de l’accord de paix entre Kinshasa et Kigali, le Royaume-Uni a exhorté toutes les parties à s’engager de bonne foi dans le processus de Luanda et à respecter leurs engagements.
« Nous sommes préoccupés par la montée de la violence depuis le 15 décembre. Dans ce contexte, le Royaume-Uni est préoccupé par la présence des Forces de défense rwandaises en RDC, telle que rapportée par le Groupe d’experts », a déclaré le diplomate britannique, souligant par ailleurs que le son pays reste très reconnaissant des efforts de médiation de l’Angola.
4000 soldats rwandais sur le sol congolais
En 2023, le groupe d’experts de l’ONU a méticuleusement documenté le déploiement de 3 000 à 4 000 soldats rwandais sur le sol de la RDC et son influence sur les opérations du M23, a rappelé Linda Thomas-Greenfield, représentante des États-Unis auprès des Nations unies.
« Face à des preuves aussi nombreuses, pourquoi les membres ont-ils recours à des euphémismes, plutôt que de simplement nommer directement le Rwanda ? », s’est-elle interrogé, dénonçant le fait que certains membres du Conseil de sécurité aient résisté à l’inclusion d’un langage décrivant de manière factuelle le rôle du Rwanda dans l’est de la RDC.
Pour Washington, en esquivant ces problèmes et en omettant de nommer leurs auteurs, le CS rend un mauvais service au personnel de l’ONU et humanitaire, qui est mis en danger par le déploiement par le Rwanda d’armes sophistiquées, d’interférences GPS et de soutien au M23.
« Surtout, nous rendons un mauvais service aux milliers de civils qui souffrent de la violence », a-t-elle interpellé, précisant que le monde attend du Conseil de sécurité de l’ONU qu’il décrive les faits sur le terrain, en particulier ceux qui pourraient constituer une menace à la paix et à la sécurité internationales.
« Nous sommes profondément préoccupés par les rapports de cette semaine faisant état de l’avancée du M23 au Nord-Kivu et de la saisie de nouveaux territoires avec l’aide de l’artillerie des RDF, des renforts de troupes des RDF et des convois de ravitaillement des RDF – une violation flagrante du cessez-le-feu en cours », a ajouté Linda Thomas-Greenfield, appelant toutes les parties à respecter leurs engagements dans le cadre du processus de Luanda et à soutenir pleinement le Mécanisme de vérification ad hoc renforcé.
Les USA ont également exprimé leur profonde déception face au refus du président rwandais Kagame de participer au Sommet tripartite de Luanda, perdant ainsi une occasion importante de faire progresser les efforts de paix et de mettre fin aux souffrances de longue date dans la région.
Dans ce contexte, l’administration américaine a exhorté les dirigeants de la RDC et du Rwanda à se réunir dès que possible sous la médiation de l’Angola. « Nous exhortons tout le monde à revenir à la table des négociations et à accepter de prendre les mesures nécessaires pour résoudre ce conflit et semer les graines d’une paix durable », a-t-elle ajouté, rappelant que depuis juillet, plusieurs étapes clés ont été franchies, avec la signature d’un accord de cessez-le-feu entre la RDC et le Rwanda et la mise en place du mécanisme de vérification ad hoc dirigé par l’Angola pour surveiller le cessez-le-feu.