Dans la partie orientale de la RDC, la coalition AFC-M23, appuyée par l’armée rwandaise, exerce le monopole de l’exportation de coltan de Rubaya au Rwanda, donnant la priorité au commerce de gros volumes et prélevant des taxes importantes, a révélé l’ONU, précisant que l’extraction frauduleuse, le commerce et l’exportation vers le pays de Paul Kagame des minéraux de Rubaya ont donc bénéficié à la fois aux rebelles et à l’économie rwandaise.
Au moins 150 tonnes de coltan ont été frauduleusement exportées vers le Rwanda et mélangées à la production rwandaise, donnant lieu à la plus grande contamination jamais enregistrée à ce jour des chaînes d’approvisionnement en minéraux dans la région des Grands Lacs, a déballé le groupe d’experts de l’ONU sur la RDC dans son rapport à mi-parcours transmis le 27 décembre 2024 au Conseil de sécurité.
« La coalition AFC-M23 contrôlait des centres de négoce à Rubaya et Mushaki ainsi que des routes de transport des minéraux de Rubaya au Rwanda, où ceux-ci étaient mélangés à la production rwandaise. Il s’agit de la contamination la plus importante jamais enregistrée des chaînes d’approvisionnement de minéraux « 3T » (étain, tantale et tungstène) ne remplissant pas les conditions requises, dans la région des Grands Lacs, ces dix dernières années…La coalition AFC-M23, basée à Mushaki, a organisé tous les aspects de la production, du commerce et du transport des minéraux, mettant en place une administration semblable à celle d’un État. Elle a créé un « ministère » chargé de l’exploitation des minéraux dans la zone de commerce de Rubaya 59. Ce « ministère » a délivré des permis aux creuseurs et aux opérateurs économiques, portant la mention « République démocratique du Congo – Province du Nord Kivu » », lit-on dans le rapport de l’ONU, attestant que les rebelles contrôlent toute la route allant de la zone minière à la frontière rwandaise.
Selon les experts onusiens, les minéraux de Rubaya passaient par Bihambwe, Mushaki et Kirolirwe, dans le territoire de Masisi ; Kitshanga, Kizimba, Bishusha, Mulimbi, Tongo et Kalengera, dans le territoire de Rutshuru ; et Kibumba, dans le territoire de Nyiragongo.
« D’après des images satellite, les minéraux arrivaient sur un parking à côté du marché de Kibumba avant d’être chargés dans des camions de gros tonnage qui venaient du Rwanda et entraient en République démocratique du Congo par Kabuhanga », précise la même source, ajoutant qu’à Rubaya, des personnes ayant vu les convois de minéraux de la coalition AFC-M23 ont dit que ceux-ci étaient chargés deux fois par semaine dans des convois de quatre à cinq véhicules capables de transporter jusqu’à cinq tonnes par chargement.
De la mi-mai à la fin octobre, poursuit l’ONU, la fréquence et les volumes de minéraux quittant Rubaya ont été réguliers et la coalition AFC-M23 contrôlait ainsi le commerce et le transport d’environ 120 tonnes de coltan par mois.
Aussi, soulignent les experts, la coalition AFC-M23 prélevait des taxes et des paiements en nature sur la vente et le transport des minéraux. « Une taxe de 7 dollars par kilogramme était prélevée sur le coltan et le manganèse et de 4 dollars sur l’étain (cassitérite). L’impôt sur la production et le commerce du coltan à Rubaya a ainsi généré au moins 800 000 dollars par mois pour la coalition AFC-M23 », ont-ils expliqué.
C’est depuis le 30 avril 2024, la coalition AFC-M23 occupe et contrôle Rubaya et toute la zone minière autour de cette cité, où le coltan, l’étain (cassitérite) et le manganèse continuent d’être extraits.