Le haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a estimé vendredi que la voie militaire n’est pas la réponse aux défis politiques, sociaux et économiques qui sont à la base du conflit armé dans l’est de la RDC, notamment l’exploitation illégale des ressources naturelles.
Dans sa déclaration faite à la 37ème session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la RDC, Volker Türk a appelé toutes les parties à déposer les armes et à reprendre le dialogue dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi.
« Ceux qui pensent pouvoir résoudre la violence par des moyens militaires se trompent. Un conflit encore plus profond et plus vaste aurait des conséquences encore plus dévastatrices pour les civils…J’espère que la réunion d’aujourd’hui à Dar es-Salam produira des résultats concrets », a-t-il indiqué, se disant très préoccupé par la prolifération des armes et par le risque élevé de recrutement et de conscription forcés d’enfants.
Selon le chef des droits de l’homme de l’ONU, le risque d’une escalade de la violence dans toute la sous-région n’a jamais été aussi élevé.
« Tous ceux qui ont une influence sur les parties impliquées, qu’ils soient des États ou des acteurs non étatiques, doivent redoubler d’efforts pour éviter une conflagration et soutenir les processus de paix », a-t-il exhorté, prévenant que si rien n’est fait, le pire risque d’être encore à venir, pour les populations de l’est de la RDC, mais aussi au-delà des frontières du pays.
Des crimes de guerre
Volker Türk a souligné que des attaques du M23 et de l’armée rwandaise, avec des armes lourdes utilisées dans des zones peuplées, et des combats intenses contre les forces armées de la RDC et leurs alliés suscitent de vives inquiétudes en termes de respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
« Depuis le 26 janvier, près de 3 000 personnes ont été tuées et 2 880 blessées. Les chiffres réels sont probablement bien plus élevés. Le 27 janvier, à Goma, deux hôpitaux ont été bombardés, tuant et blessant de nombreux patients, dont des femmes et des enfants », a-t-il dénoncé.
Dans ce contexte, il a annoncé que son équipe vérifie actuellement de multiples allégations de viols, de viols collectifs et d’esclavage sexuel dans les zones de conflit.
« Des centaines de défenseurs des droits de l’homme, de journalistes et de membres de la société civile ont signalé à mon bureau qu’ils avaient été menacés ou poursuivis par le M23 et les forces rwandaises. Nous avons également facilité la protection des autorités judiciaires qui étaient en danger », a-t-il expliqué, précisant que des rapports crédibles indiquent que le M23 a bombardé des pylônes de transmission électrique qui permettent l’approvisionnement en eau de la population civile.
En outre, il a exprimé ses inquiétudes pour l’aéroport de Goma, si important pour l’aide humanitaire, qui a été rendu inutilisable par le M23 et les forces rwandaises, alors que des entrepôts appartenant à la MONUSCO et aux organisations humanitaires ont été pillés.
« Le M23, les forces rwandaises et tous ceux qui les soutiennent doivent faciliter l’accès à l’aide humanitaire. Les voies aériennes, terrestres et lacustres doivent être rouvertes pour établir des corridors humanitaires et garantir la sécurité des acteurs humanitaires », a-t-il plaidé.
Dans ces circonstances, Volker Türk a jugé crucial d’établir les faits et de traduire les auteurs en justice. Pour lui, il est donc nécessaire qu’une enquête indépendante et impartiale soit menée sur les violations des droits de l’homme et les atteintes à ces droits, ainsi que sur les violations du droit international humanitaire, commises par toutes les parties.
Saluant l’appel lancé cette semaine par la Cour pénale internationale à toutes les parties concernées pour qu’elles soumettent des informations sur la situation en RDC, Türk a réitéré aussi l’appel du secrétaire général des Nations unies aux Forces de défense rwandaises pour qu’elles cessent tout soutien au M23 et se retirent de la RDC.
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté la résolution proposée par la RDC sur l’établissement en urgence d’une mission indépendante d’établissement des faits sur les graves violations et atteintes aux droits de l’homme et au droit international humanitaire dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo.