Plus de 6 millions de morts sont enregistrés depuis 1998 dans l’Est de la RDC. Comment pacifier cette partie du territoire congolais après plusieurs décennies d’insécurité instrumentalisée principalement par le Rwanda? Le Premier ministre honoraire, Adolphe Muzito, a trouvé des pistes solution.
La déstabilisation de l’espace Kivu est marquée notamment par les séquelles du génocide rwandais, la surpopulation de la région des Grands Lacs, la perméabilité des frontières, l’accentuation des tensions ethniques et la présence des richesses naturelles.
Vaincus en 2013, les rebelles du « Mouvement du 23 mars (M23) » font de nouveau parler d’eux. Ils sont soutenus par l’armée rwandaise. Depuis lundi 13 juin, ils ont occupé la cité de Bunagana au Nord-Kivu. L’heure est venue d’imposer définitivement la paix dans l’Est, souligne Muzito.
Construire un mur le long de la frontière RDC-Rwanda
L’initiateur de Nouvel Elan suggère la construction d’un mur entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. L’objectif est de se protéger face à toutes les agressions. Adolphe Muzito s’inspire de la mesure phare de l’ancien président américain Donald Trump qui, pour lutter contre l’immigration illégale, a lancé la construction d’un grand mur en les USA et le Mexique. Aujourd’hui, plusieurs pays recourent à cette approche. La Pologne est entrain de construire un mur de 186 km à la frontière biélorusse, la République dominicaine fait la même chose avec Haïti.
Muzito précise qu’il ne s’agit nullement de vivre en autarcie, car dit-il, » les Rwandais peuvent venir ici par les voies officielles parce qu’il y aura toujours des portes d’entrée au Congo, on n’arrête pas avec le commerce, mais nous nous sécurisons par rapport à toutes les agressions ».
« Entre le Rwanda et le Congo, avec 60 ou 70 km², on fait un mur et c’est terminé. La distance de cette frontière c’est plus ou moins 217 km². Le reste de l’espace ce sont les eaux, les lacs et les montagnes. Mais la partie fragile ou poreuse, c’est 60 km et nous pouvons faire un mur de 60 km et l’Ouganda on verra à long terme. Le Rwanda en instrumentalisant le M23, veut dépeupler nos terres de l’Est pour les repeupler avec des populations extérieures qui ont des problèmes réels des terres. Au Rwanda, ils sont 500 habitants au km². Dans 20 ans, ils seront 1.000 au km² », a-t-il proposé.
Consacrer 1 milliard USD pour la défense
La solution à l’insécurité dans l’Est, c’est aussi de renforcer la défense, affirme le coordonnateur de la coalition Lamuka. Outre ce qui est prévu dans le budget, Muzito appelle à consacrer 1 milliard de dollars américains à l’armée. Cet argent servira, dit-il, à motiver les troupes au front, acquérir des armes, munitions, mais aussi financer la sécurité dans les provinces.
Avec un effectif de 200 000 hommes de troupe, l’armée congolaise peut aligner 50 000 hommes le long de la frontière, afin de contenir les aventures du Rwanda, qui n’a que 36 000 éléments, ajoute Muzito.
« Pour mettre fin à cette situation, d’abord, il faut avoir une bonne défense et nous pensons qu’avec 1 milliard USD grâce aux performances actuelles de l’Etat en ce qui concerne les recettes fiscales, on peut consacrer 1 milliard de dollars pour notre défense (équipements, soldes des militaires, armes ainsi que les munitions), mais aussi être en mesure de financer la sécurité dans les provinces de l’Est. Donc, avec 1 milliard, on peut s’en sortir et donner une prime aux militaires au front. Nous pouvons aligner 500 000 troupes sur cette frontière qui nous sépare du Rwanda et l’Ouganda », a-t-il dit.
Il y a quelques jours, la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain a jugé « inacceptable » le soutien rwandais aux rebelles du M23 qui attaquent les civils, les casques bleus de l’ONU et les FARDC dans l’Est de la RDC. Elle a exigé une enquête afin que les responsables soient sanctionnés.
La Rédaction