Le déploiement dans l’Est de la RDC d’une force militaire régionale composée des pays à la base de l’insécurité risque d’aggraver la situation. Le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege est opposé à cette initiative, qui a été déjà approuvée par le président Félix Tshisekedi.
Le célèbre activiste congolais est convaincu que la solution à l’insécurité dans l’Est ne viendra pas de la recette de l’EAC, surtout lorsque « se superpose déjà de manière difficile et peu efficace un partenariat multilatéral avec les Nations unies et un accord bilatéral entre la RDC et l’Ouganda ».
Pour Mukwege, la récente mission de reconnaissance d’une délégation des officiers militaires des pays membres de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est en Ituri et au Nord Kivu annonçant le déploiement imminent d’une Force régionale ressemble à « une chronique d’un chaos annoncé, d’autant plus que certains de ces Etats sont à la base de la déstabilisation, des cycles de violence et du pillage des ressources naturelles de l’Est du Congo ».
Dans la foulée, il se pose plusieurs questions : Quelles seront les règles d’engagement de la nouvelle Force régionale ? Quel est son mandat, les objectifs de la mission et sa durée ? Comment harmoniser et coordonner les interventions sur le terrain entre les FARDC et ses partenaires onusiens, ougandais, et de la Force régionale ? Qui décidera de quoi ? Qui sera responsable politiquement et juridiquement ?
Ces questions fondamentales, souligne-t-il, « ne trouvent que des réponses opaques car, force est de constater que ces accords de coopération aux niveaux bilatéral et régional ont été peu transparents ». Au regard de cette situation, Mukwege fait remarquer que « la diplomatie régionale du président de la RDC nous mène objectivement vers une prolongation et une aggravation de l’instabilité ».
Pour restaurer la paix, Denis Mukwege invite les décideurs congolais et onusiens à mettre en avant les interconnexions étroites existant entre la prévention des conflits, la justice transitionnelle, la consolidation de l’état de droit et l’instauration de la paix.
« Nous réaffirmons que la reforme profonde des FARDC, de services de sécurité et la lutte contre l’impunité sont les mesures les plus appropriées pour assurer la pacification et la stabilité durable de l’Est de la RDC », a-t-il dit.
Aussi, ajoute Mukwege, les dirigeants congolais devront avoir la volonté politique et le leadership nécessaire pour revoir la diplomatie régionale en cours et faire avancer sans plus tarder la réforme du secteur de la sécurité en allouant les ressources financières nécessaires pour que la se dote d’une armée professionnelle, opérationnelle et responsable capable de défendre l’intégrité de notre territoire et assurer la sécurité de la population.
Reagan Ndota