Faire appel aux puissances extérieures pour la protection son intégrité territoriale et sa souveraineté est une « grosse erreur », affirme le président ougandais qui estime que le chaos et l’insécurité dans la plupart des pays africains résultent de la dépendance notamment aux puissances occidentales.
Yoweri Museveni qui s’exprimait jeudi à l’occasion de la remise des diplômes aux officiers supérieurs formés au Collège de la défense nationale de l’Ouganda (NDC-U) dans le district de Buikwe, a indiqué que « la sécurité de chaque pays doit être assurée par son propre peuple et non par tous ces groupes qui courent partout » sans maîtriser les réelles préoccupations des populations.
L’homme fort de Kampala a exhorté les pays du tiers monde à arrêter de dépendre car, interpelle-t-il, « il n’y a personne qui puisse mieux savoir que vous, comment vous défendre ».
« La sécurité de chaque pays doit être assurée par son propre peuple et non par tous ces groupes qui courent partout parce que les gens sont ceux qui savent ce qui les blesse. Si vous êtes un bon ami, vous devez toujours insister sur l’autosuffisance en matière de sécurité et non sur la dépendance. C’est pourquoi l’Ouganda est pacifique et je voudrais vraiment conseiller aux autres peuples du tiers-monde d’arrêter de dépendre parce qu’il n’y a personne qui puisse mieux savoir que vous comment vous défendre. C’est une grosse erreur. Vous n’avez peut-être pas toutes les ressources, mais le concept devrait être là et vous avez le noyau », a dit.
L’interpellation de Museveni intervient au moment où une coalition des armées est-africaines a été déployée dans la partie orientale de la République démocratique du Congo (RDC) pour instaurer la paix et la sécurité, alors que les casques bleus de l’ONU présents au pays depuis plus de 20 ans a un bilan largement négatif.
L’option levée par l’administration Tshisekedi de recourir à la Force régionale de l’EAC est sévèrement critiquée par les opposants et la société civile.
« Félix Tshisekedi a inutilement provoqué une compétition entre les pays d’Afrique de l’est sur la RDC. Il promet à tout le monde, et cette incontinence de promesses expose le pays et le peuple au danger…il est allé jusqu’à sous-traiter la sécurité de notre pays au Rwanda et à l’Ouganda », a dénoncé Martin Fayulu.
Bâtir une armée nationale avec un leadership capable
Pour instaurer une paix durable, Yoweri Museveni pense que chaque pays doit avoir une armée nationale avec un leadership capable. Ce qui, selon lui, est fait en Ouganda.
« Maintenant, une partie de l’instabilité que l’Ouganda a connue après l’indépendance était due à ce problème de ne pas avoir de chefs d’armée capables. Un type comme Idi Amin ne savait rien. Il était totalement ignorant. Donc, ils ne connaissaient pas l’idée de fidélité à la Constitution ; alors ils ne pouvaient rien comprendre à la gestion d’un pays même lorsqu’ils ont pris le pouvoir. Cela faisait donc partie du problème. Par conséquent, dès nos années d’étudiants, nous avons décidé que nous devions construire une armée d’un nouveau type et c’est ce que nous avons commencé à faire. Et lorsque nous étions au gouvernement, nous avons développé la capacité des armes de soutien en travaillant avec un certain nombre d’autres personnes, initialement des Tanzaniens, des Nord-Coréens et des Russes », a-t-il expliqué.
Candidat à la présidentielle de décembre 2023 en RDC, l’opposant Moïse Katumbi s’est engagé à doter la République démocratique du Congo d’une « armée forte, bien équipée, bien payée et bien encadrée ».
Aujourd’hui, a insisté l’ancien allié du président Tshisekedi, « nous devons éviter de sous-traiter la défense de l’intégrité territoriale aux armées étrangères » car, fait-il remarquer, « la solution aux problèmes du Congo viendra des Congolais ». Et en premier lieu, « de nos forces armées qui se battent avec courage au front ».
Reagan Ndota