Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) accuse le président Félix Tshisekedi de s’être investi avec les moyens de l’Etat, de contrôler les autres institutions de la République.
L’organisation de la société civile a, dans son rapport sur l’an 4 de la gouvernance du cinquième président congolais, fait remarquer que l’agir de ce dernier est « contraire à la Constitution et par ailleurs à l’opposé des principes démocratiques et d’un état de droit qu’il revendique à tout bout de champ auprès de qui veut l’entendre ».
Selon la Lucha, Félix Tshisekedi a notamment fragilisé l’Assemblée nationale et le Sénat pour ses intérêts politiciens.
« Ces deux institutions parlementaires sont devenues des caisses d’enregistrement des politiques présidentielles que de jouer pleinement leur rôle selon la logique de légiférer et de contrôler le gouvernement et les autres services de l’État selon la Constitution congolaise », a-t-elle fustigé.
Le débat politique articulé autour des questions essentielles de la vie de la nation, tonne la Lucha, a disparu au sein de ces chambres en échange d’importants avantages financiers de la part du gouvernement de Félix Tshisekedi.
« Pour s’en convaincre, il suffit de se rendre sur Talatala pour appréhender la faible production de l’Assemblée nationale. Un autre registre qui montre l’accaparement du débat au sein du Parlement congolais et, ce sur ordre du président, c’est l’adoption des lois qui doivent réguler la vie démocratique en RDC, et à l’occurrence, les lois sur la CENI et sur le processus électoral (la loi électorale) autour desquelles, aucune forme de débat de fond et pertinent n’a été organisée au sein de l’Assemblée nationale. Les voix des minorités opposantes ont été marginalisées pourtant reflétant l’avis général des organisations de la société civile et de la population sur la dépolitisation de la CENI et la transparence du processus électoral », a condamné la Lucha.
Félix Tshisekedi contrôle la Cour constitutionnelle et la CENI
Le rapport du président de la République à la Cour constitutionnelle a été le plus spectaculaire en ce sens que le président n’a pas caché ses intentions de contrôler cette juridiction, a constaté la Lucha.
Selon l’article 161 de la Constitution, la haute cour « juge du contentieux des élections présidentielles et législatives ainsi que du référendum ». L’article 164 ajoute que « la Cour constitutionnelle est le juge pénal du président de la République et du Premier ministre pour des infractions politiques de haute trahison, d’outrage au Parlement, d’atteinte à l’honneur ou à la probité ainsi que pour les délits d’initié et pour les autres infractions de droit commun commises dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. Elle est également compétente pour juger leurs co-auteurs et complices ».
La Lucha affirme que, « par des méthodes politiciennes », Félix Tshisekedi a tout mobilisé pour prendre et posséder le contrôle entier de la cour en procédant par un tirage au sort télécommandé afin qu’un juge revendiquant sa liberté et assumant l’indépendance de la cour soit remplacé par des techniques purement politiques et insidieuses du genre hollywoodien.
« Ce changement du président de la cour était lié à une décision prise par la cour se déclarant incompétente de traiter le dossier d’un ancien Premier Ministre dans l’affaire Bukanga Lonzo qui l’oppose à la République. La Cour constitutionnelle dans sa forme actuelle est devenue un pilier politique majeur du président sortant », dénonce le mouvement citoyen.
Selon la Lucha, « le même constat se pose quand il s’agit de regarder la composition de la CENI et la prise de parole de son président, associé à l’UDPS. C’est bien assumé que le président udpsien, issu de l’UDPS, une formation politique membre de l’Internationale socialiste, s’est assuré de contrôler de main de fer la CENI comme, la Cour constitutionnelle en prélude des élections de décembre prochaines ».
Le CSAC et la CNDH également aux ordres
La volonté du président de la République à contrôler les autres institutions n’est plus à démontrer, estime la Lucha soulignant que « ses deux derniers coups à la démocratie, consistent à placer des personnes propagandistes à la tête de CSAC et CNDH ».
« Un journalope avéré et bien connu de tous les milieux politiques congolais a été placé à la tête de CSAC, un organe de régulation des médias et participant ainsi à la construction de la démocratie. Cependant, l’actuel président pro-UDPS a été désigné sur le quota du président et à travers une procédure biaisée », dénonce l’organisation de la société civile.
La même logique, regrette la Lucha, est forgée au sein de CNDH où, « le président de cette institution est réputé très proche du pouvoir socialiste et ne s’en cache pas depuis de longues années. Il a été porté à ce poste par des procédures non respectées selon certaines ONG de droits de l’homme ».
Reagan Ndota