La Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) conduit le processus visant à pacifier l’Est de la RDC. L’organisation régionale dirigée par le président burundais, Evariste Ndayishimiye, semble ne pas avoir l’étoffe pour résoudre cette crise sécuritaire, alimentée par l’un de ses Etats membres, depuis des décennies.
Depuis le lancement de ses initiatives, il n’y a aucune évolution sur le terrain. Les forces négatives multiplient des offensives et contrôlent davantage de localités. « Ces derniers mois ont été marqués par la non application des directives des sommets des chefs d’Etat », a reconnu Ndayishimiye à l’ouverture du 20e sommet des chefs d’État de l’EAC, ténu samedi 4 février 2023, à Bujumbura, au Burundi.
Sans doute, l’EAC s’est cassé les dents là où l’ONU avait déjà avoué son impuissance. Avec sa force régionale amorphe, la Communauté des Etats est-africains passe à côté de l’un de ses objectifs phares : le renforcement de la sécurité au sein de la zone.
Soutenus par le Rwanda, pays membre de l’EAC, les rebelles du M23 tuent et pillent dans les localités qu’ils contrôlent dans la province congolaise du Nord-Kivu, sous l’œil impuissant de la force régionale de l’EAC, qui se mue en une agence humanitaire.
« Si le M23 ne se retire pas, les chefs d’État de l’EAC autoriseront le recours à la force pour contraindre le groupe à se conformer », cette décision prise lors du min-sommet de Luanda semble avoir été déjà oubliée par l’EAC.
En effet, Luanda avait ordonné le retrait du M23 sur ses positions initiales non au-delà de la ligne le long de Sabinyo (côté RDC), Bigega, Bugusa, Nyabikona, Mbuzi, Rutsiro et Nkokwe. La date butoir fixée était le 15 janvier. Trois semaines après, ce mouvement n’a pas obtempéré. Au contraire, il a gagné d’autres localités.
Et le sommet de Bujumbura qui devrait, logiquement selon Kinshasa, donner l’autorisation à la force régionale d’attaquer les rebelles, a accouché d’une souris. Au terme de cette réunion, qui a connu la participation des présidents Paul Kagame (Rwanda), Yoweri Museveni (Ouganda), William Ruto (Kenya), Félix Tshisekedi (RDC), Suluhu Samia (Tanzanie) sous la direction d’Evariste Ndayishimiye (Burundi), il n’y a pas eu de grandes annonces.
Les chefs d’État ont ordonné le cessez-le-feu immédiat par toutes les parties et aux chefs des forces de défense de se réunir dans une semaine pour établir de nouveaux délais pour le retrait des groupes armés et de recommander la matrice de déploiement approprié.
Le dialogue
Le sommet a observé que la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC est une question régionale qui ne peut être que durablement résolu par un processus politique et a souligné la nécessité d’un dialogue renforcé entre appel à toutes les parties.
Dans le communiqué final, l’appel a été réitéré à toutes les parties à désactiver les tensions et utiliser les établissements régionaux, continentaux et mécanismes internationaux pour résoudre tout différend dans la mise en œuvre de la paix dans l’Est de la RDC.
Les chefs d’État ont ordonné aussi à tous les groupes armés locaux dans l’Est de la RDC d’embarrasser le dialogue, de déposer les armes et de rejoindre le processus politique comme voie vers le désarmement inconditionnel et la création d’un environnement favorable à la participation au processus démocratique à venir.
Toutes les parties ont été appelées à respecter et mettre en œuvre les décisions du sommet et les obligations convenues lors de réunions précédentes de chefs d’État et d’autres instruments établis sur la restauration de la paix et la sécurité dans l’Est de la RDC.
Reagan Ndota