Le plan de réponse humanitaire 2023-2024 pour la République démocratique du Congo (RDC) a été lancé, ce mercredi 22 février, par le gouvernement et la communauté humanitaire, dans un contexte de crise sécuritaire aggravée surtout dans la partie Est du pays par des attaques des groupes armés.
Le représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU et coordonnateur humanitaire, Bruno Lemarquis a indiqué qu’en 2023, la stratégie de réponse continuera à se concentrer sur les conséquences des cinq impacts humanitaires qui définissent l’analyse de sévérité intersectorielle : « mouvements de population, insécurité alimentaire, malnutrition, épidémies et incidents de protection ».
« L’équipe humanitaire pays veillera à garantir la qualité de l’assistance humanitaire fournie, en faisant progresser la redevabilité à l’égard des populations ciblées, la responsabilité et l’engagement communautaire. Les objectifs stratégiques de la réponse sont axés sur la réponse aux besoins urgents et l’amélioration des conditions de vie », a-t-il dit.
Selon l’ONU, la résurgence du M23 a marqué l’année 2022 et a eu des conséquences humanitaires sévères, avec notamment des déplacements de population supplémentaires dans le Nord-Kivu, en plus d’avoir des effets indirects sur d’autres provinces du pays, particulièrement en Ituri.
« Les conflits armés et les violations flagrantes des droits de l’homme, notamment les violences sexuelles et les violations graves à l’encontre des enfants, continuent de pousser des millions de personnes à rechercher la sécurité loin de chez elles : plus de 5,7 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur pays, soit le nombre le plus élevé du continent africain », a déploré Lemarquis.
Par ailleurs, le coordonnateur humanitaire a fait remarquer que, dans l’ensemble du pays, 26,4 millions de personnes, soit un Congolais sur quatre, sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, malgré l’impressionnant potentiel agricole du pays.
« La malnutrition aiguë touche 6,4 millions de personnes, principalement des enfants de moins de 5 ans. Enfin, des épidémies évitables de rougeole, de fièvre jaune, de choléra et de paludisme continuent de faire des ravages considérables », a-t-il dit, précisant que chaque heure en RDC, quatre femmes meurent pendant l’accouchement ou des suites d’une grossesse.
« Le pays se classe parmi ceux ayant le taux de mortalité infantile le plus élevé au monde : 70 sur 1 000 naissances vivantes », a-t-il souligné.
La stratégie, explique Lemarquis, place également le partenariat avec les organisations et associations congolaises au cœur de la réponse, de même que le renforcement des systèmes locaux et la valorisation de solutions locales.
« S’attaquer de manière cohérente, à travers des efforts collectifs avec les acteurs de développement et de la paix, aux facteurs et aux causes qui créent les besoins humanitaires et rechercher des solutions durables nous concernera au plus haut point », a-t-il indiqué.
De même, ajoute-t-il, il conviendra de toujours prioriser plus les questions de prévention, de gestion des risques, de préparation à la réponse, de manière à prévenir et mitiger les crises et de ce fait réduire les besoins humanitaires.
« Au-delà des conflits, il y a également lieu de s’attaquer aux causes structurelles, aux déficits de développement, qui entrainent des besoins chroniques. Les conversations autour du Nexus humanitaire – développement – paix (HDP) ont permis de faire certaines avancées en RDC, notamment dans les provinces du Kasaï, Kasaï Central et Tanganyika », a-t-il affirmé.
Et d’ajouter : « Dans cette perspective, l’EHP a décidé d’une stratégie pluriannuelle 2023-2024 devant permettre aux acteurs humanitaires d’accroître la collaboration avec les acteurs du développement et de la paix, en lien avec l’approche Nexus HDP, et d’assurer l’alignement entre le HRP et d’autres initiatives de planification stratégique telles que le Cadre d’assistance au développement durable des Nations unies (UNSDCF 2020-2024). Il conviendra sur la période 2023-2024 d’œuvrer de manière déterminée et ciblée, avec tous les acteurs concernés, étatiques, non-étatiques, centraux, provinciaux, nationaux, internationaux, publics, privés pour que ces stratégies se concrétisent avec des résultats effectifs et mesurables, y compris dans certaines des provinces les plus touchées par la crise humanitaire ».
Ainsi, un appel a été lancé à toutes les parties prenantes au conflit à garantir aux acteurs humanitaires un accès rapide, sûr et sans entraves à toutes populations affectées, dans le respect des principes humanitaires de neutralité, indépendance, humanité et impartialité.
Le coordonnateur humanitaire a remercié les bailleurs des fonds pour leur générosité, et les a exhortés à continuer à prêter une attention particulière à la RDC. « Leurs contributions financières sont essentielles aux interventions humanitaires comme aux interventions de Nexus humanitaire-développement-paix », a-t-il dit.
Il les a encouragés également notamment à contribuer à travers le Fonds humanitaire pays, un instrument clé pour renforcer la coordination des interventions ainsi que l’appui aux organisations nationales et à l’agenda de la localisation.
Reagan Ndota