« Stanys Bujakera a toujours été rationnel et impartial dans ses informations. S’attaquer à sa personne, c’est tuer la liberté de la presse », dénonce le député national Gratien Iracan à la suite de la plainte déposée à l’auditorat général près la haute cour militaire par le ministre de la Défense, Gilbert Kabanda contre le directeur de publication adjoint du média en ligne Actualite.cd.
Le patron de la Défense reproche au journaliste Bujakera la publication sur Twitter de ses propos tenus lors de la dernière réunion du Conseil des ministres : « Le ministre de la défense nationale confirme l’avancée sur le terrain, du M23/RDF et s’étonne de manque de réaction des forces de l’EAC « pourtant présentes sur les lieux ». Pour le ministre, cette avancée se justifie par « l’amassement » recent des troupes RDF au Nord-Kivu ».
Pour le ministre Kabanda, cette publication a été faite « dans le but d’alarmer la population et de démoraliser nos vaillants soldats qui se sacrifient jour et nuit pour le pays face aux agresseurs du M23 soutenus par le Rwandais ». Ce qui n’est pas vrai.
Cette plainte qui constitue, sans nul doute, une entrave à la liberté de la presse, a suscité un tollé général. « Si pour avoir cité un compte rendu fait au Conseil des ministres, Stanys Bujakera doit être poursuivi par la justice militaire pour « propagation de faux bruits », il faudrait poursuivre tout le gouvernement d’avoir contribué à la conception, rédaction et diffusion des faux bruits », a fait remarquer le juriste Hervé Diakese.
Le député Claudel Lubaya a également dénoncé l’action judiciaire du ministère Kabanda. « Dans le fonctionnement démocratique, au-delà de pouvoirs institutionnels, la presse par l’exercice de la liberté, assure les équilibres contre tout abus de pouvoirs et de position dominante. Attenter à cette liberté est une éloge à l’arbitraire », a-t-il tonné.
Pour sa part, le député Delly Sesanga a fustigé un abus de pouvoir. « Il est des moyens plus commodes de contredire une opinion de presse. Vouloir ériger toute contradiction en délit, voilà un abus de pouvoir, insinuer qu’il est la base des difficultés opérationnelles de nos FARDC, voilà l’excès. Il y a bien meilleure explication à la situation actuelle ».
La réaction de MILRDC
L’Association des Médias d’Information en Ligne de la République Démocratique du Congo (MILRDC) a appris avec stupéfaction et incompréhension que le ministre de la Défense nationale et Anciens combattants, Gilbert Kabanda, a porté plainte contre le journaliste Stanys Bujakera au motif fallacieux qu’il a répandu de “taux bruits” par un de ses tweets informatifs du 5 mars 2023. Face à cette situation, les Médias d’information en ligne lèvent leur voix à travers la déclaration suivante :
1. MILRDC dénonce vigoureusement et condamne fermement cette tentative du ministre de la Défense Nationale de vouloir intimider et museler un journaliste professionnel.
2. MILRDC apporte, sans réserve, son soutien et sa solidarité à Stanys Bujakera. Car n’ayant commis aucune faute professionnelle ou déontologique dans l’exercice de son métier.
3. En effet, les propos du ministre de la défense tels que repris dans le tweet du journaliste, n’ont été ni altérés ni dénaturés. Au contraire, ils ont été repris fidèlement d’après le compte-rendu du gouvernement duquel le journaliste a puisé son information.
4. Parce que la liberté de la presse est sacrée, MILRDC appelle tous les journalistes, toutes les associations professionnelles de la presse, ainsi que toutes les personnes attachées au respect de la Constitution et aux valeurs démocratiques, à se mobiliser pour faire échec à ce qui apparaît comme une tentative d’instrumentalisation de la justice militaire pour faire taire des journalistes.
5. MILRDC constate avec regret que l’action du ministre de la défense contre le journaliste tend à ternir davantage l’image du gouvernement dans un contexte sécuritaire particulier et à quelques mois de la tenue des élections. Cette plainte inopportune sape les efforts du gouvernement sur la promotion de la liberté de la presse et est en contradiction avec le vœu exprimé par le président de la République en marge des états généraux de la communication et des médias.
6. MILRDC rappelle aux autorités politico-judiciaires nationales en général et au ministre de la défense en particulier que la liberté de presse est un droit constitutionnel. A ce titre, il doit être défendu et promu, et non brimé.
Fait à Kinshasa, le 10 mars 2023
Le président de MILRDC ASBL
Israël Mutala