A l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, célébrée le 2 novembre de chaque année, le secrétaire général de l’ONU appelle tous les États à prévenir la violence contre les journalistes, à leur fournir un environnement sûr pour qu’ils puissent exercer leur travail, à traduire en justice ceux qui commettent des crimes contre les journalistes et les professionnels des médias, et assurer le soutien aux victimes et aux survivants.
« Profondément alarmée » par la montée des menaces de toutes sortes contre les journalistes, Antonio Guterres plaide en faveur de « meilleures garanties » pour défendre les journalistes qui informent le monde car, s’inquiète-t-il, « la détention de journalistes atteint un niveau sans précédent. Le harcèlement en ligne des journalistes, en particulier des femmes, est utilisé comme un outil pour les réduire au silence ».
Depuis 1993, plus de 1 600 journalistes ont été tués dans le monde et près de 9 cas sur 10 n’ont pas été élucidés, selon l’Observatoire de l’UNESCO des journalistes assassinés, précisant que ce cycle de violence à l’encontre des journalistes entraîne une augmentation des meurtres et est souvent révélateur d’un affaiblissement de l’État de droit et du système judiciaire.
En RDC, par exemple, Stanis Bujakera Tshiamala, directeur de publication adjoint du site Actualité.cd et correspondant de Jeûne Afrique, est victime d’un acharnement judiciaire. Emprisonné depuis début septembre, ce journaliste professionnel est accusé de « propagation de faux bruits » et de « diffusion de fausses informations ». Il est mis en cause par les enquêteurs sur les sources d’un article publié le 31 août sur le site de Jeune Afrique, et qui n’est pas signé du journaliste mais de la rédaction. Il y est cité un rapport attribué à l’Agence nationale de renseignement (ANR) qui met en cause les renseignements militaires dans le meurtre de l’opposant Chérubin Okende.
Malgré les appels à sa libération et à la fin des poursuites injustes, lancés notamment par les organisations professionnelles et les chancelleries occidentales, les autorités congolaises manifestent une détermination à museler la presse indépendante à quelques semaines de cruciales élections, dont l’organisation est caractérisée par beaucoup d’irrégularités.
Dans son message, Antonio Guterres a reconnu que les journalistes et les médias « jouent un rôle vital dans la société, en défendant et en favorisant la démocratie et en obligeant le pouvoir à rendre des comptes » et « sont essentiels à la création d’institutions fortes et responsables et à la réalisation des objectifs de développement durable ».
« Mais cette position importante met les journalistes en danger. Leur engagement à enquêter et à révéler la vérité signifie qu’ils sont souvent la cible d’attaques, de détentions illégales, voire de mort », a-t-il dénoncé, appelant les dirigeants à être reconnaissants envers les journalistes et tous les professionnels des médias qui risquent leur santé et leur vie « pour nous tenir informés et maintenir la vérité vivante ».