Déployées depuis juillet 2021 à Cabo Delgado à la demande des autorités mozambicaines, dans le cadre de la lutte menée contre le terrorisme, les troupes rwandaises ont reçu vendredi la visite de James Kabarebe, conseiller principal en matière de défense et de sécurité du président rwandais, Paul Kagame.
Présenté par le rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC comme celui qui a conçu et coordonné les opérations de l’armée rwandaise dans le Nord-Kivu, Est de la RDC, le général Kabarebe s’est enquis des « progrès enregistrés par les RDF dans les opérations de lutte contre le terrorisme » au Mozambique.
« Lors des interactions avec les Forces de sécurité rwandaises dans le district de Mocimboa da Praia, le général James Kabarebe a transmis un message de SE le président Paul Kagambe appréciant leur engagement dans l’accomplissement de leurs fonctions et les a encouragés à rester fermes et dévoués à obtenir de bons résultats », rapport l’armée rwandaise.

Le président rwandais, Paul Kagame a, dans un message adressé à son homologue mozambicain, Filipe Nyusi, félicité le Mozambique « pour la mise en œuvre réussie du programme de désarmement, démobilisation et réintégration des ex-combattants de la Renamo, marquant une étape importante vers l’achèvement du processus de paix mozambicain ».
Les opérations de l’armée rwandaise au Mozambique sont appuyées notamment par l’Union européenne (UE) qui, en 2022, avait adopté une mesure d’assistance d’un montant de 20 millions d’euros.

Cette assistance avait complété l’aide de 89 millions d’euros accordée aux forces armées mozambicaines, ainsi que la mission de formation de l’UE (EUTM) au Mozambique et les 15 millions d’euros accordés au titre de la mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA) au Mozambique (SAMIM).
L’aide de l’Union européenne aux troupes rwandaises avait suscité un tollé général tant en RDC que sur le plan international, d’autant plus que le Rwanda mène une guerre d’agression dans l’Est de la RDC. Le soutien de l’UE au Rwanda est compris comme un moyen favoriser la déstabilisation du pays de Félix Tshisekedi.
Dans ce cadre, plusieurs ONG avaient écrit au chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell Fontelles, pour exiger la suspension de l’aide européenne au Rwanda.

« L’UE se doit de respecter les valeurs des droits humainsqu’elle promeut et de mettre les intérêts des populations affectées par les conflits dans la région des Grands Lacs au-delà de tout intérêt européen sur le continent. Les organisations signataires sont vivement préoccupées par l’adoption récente par le Conseil de l’Union européenne d’une mesured’assistance d’un montant de 20 milliond’euros pour soutenir le déploiementde l’armée rwandaise pour combattre une insurrection islamiste au Mozambique, dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix (FEP). Le soutien à l’armée rwandaise pour les opérations conduites auMozambique ne peut être dissocié du contexte qui prévaut actuellement à l’est de la RDC et du soutiende cette même armée aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). La décision del’UE d’octroyer cette enveloppe à l’armée rwandaise a profondément choqué l’opinionpublique congolaise et nos partenaires congolais de la société civile, alimentant ainsi des doutes quant à la sincérité de l’engagement de l’UE pour la paix dans la région des Grands Lacs. En particulier, des analyses faisant état de la défense d’intérêts del’entreprise française TotalEnergies à Cabo Delgado au Mozambique comme facteur important dans laprise de cette décision sont inquiétants », avaient écrit 7 organisations et plateformes de la société civile européenne.
Ces structures ont affirmé que cette mesure risque de compromettre les efforts déjà fournis pour la stabilité, la sécurité et le développementde la région, et entache sérieusement l’image de l’UE et des organisations européennes œuvrant pour la justice et la paix en RDC.