A l’occasion de la commémoration du génocide congolais, mercredi 2 août, l’opposant Martin Fayulu a dénoncé l’indifférence « coupable » de la communauté internationale face à ce drame « commis par le régime de Paul Kagame (président rwandais Ndlr) » alors qu’il constitue « sans nul doute le plus grand drame humain qu’a connu l’Afrique noire, après les horreurs de la traite négrière et la tragédie de la colonisation ».
« Plus de dix millions de Congolais ont été assassinés, violés, mutilés ou torturés souvent de la manière la plus atroce », a dénoncé le leader de l’ECiDé, soulignant que « ce sinistre et inconcevable drame » doit dorénavant être qualifié de « génocide intentionnel », dès lors que le « président du Rwanda s’est permis de justifier la guerre d’extermination du peuple congolais qu’il mène depuis le 2 août 1998 en disant, au cours d’une conférence de presse organisée le 15 avril 2023 à Cotonou au Bénin, qu’ une partie du Rwanda a été donnée au Congo ».
Défenseur invétéré des intérêts de la RDC, Martin Fayulu fait remarquer à Paul Kagame que les Congolais de tous les coins et recoins de la République démocratique du Congo, se sont donné le devoir sacré de faire en sorte que le souvenir de ce génocide demeure à jamais vivant.
« Nous aujourd’hui, demain nos enfants, après-demain nos arrières-enfants, génération après génération, aucun Congolais n’oubliera ces effroyables tueries, ces viols et tout ce sang congolais versé sur tant de villages et de territoires de notre pays. Nous prenons l’engagement de témoigner, partout et en toute circonstance, de l’enseigner à nos enfants et d’aider le monde à comprendre comment les militaires rwandais et leurs lampions du M23 rendent l’inhumain de plus en plus si commun et banal dans notre pays. Et comment leur barbarie nous devient si quotidienne », a-t-il déclaré.
Le génocide congolais non encore reconnu par la communauté internationale, mais célébrée par les Congolais depuis plus de cinq à l’initiative des organisations de la société civile, ne doit pas être remis en cause, estime Martin Fayulu, qui rappelle que l’article 2 de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948 définit le génocide non seulement comme la tuerie, les supplices, la barbarie, les meurtres de masse, les horreurs, mais aussi comme la volonté délibérée et planifiée de faire disparaître un groupe, un peuple avec toute son histoire, sa culture, ses réalisations, sa langue, ses rites, ses traces et ses filiations.
« Comment ne pas percevoir que les effroyables éléments définitoires du génocide sont le pain quotidien des Congolais au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri? », s’est-il interrogé, avant de marteler que l’instauration populaire de cette journée de commémoration est non seulement une question d’audace patriotique de reconnaître et de faire reconnaître dans le monde, le génocide du peuple congolais, mais aussi et surtout, « c’est pour manifester chaque année, infatigablement, notre refus que le temps ensevelisse les victimes de ce terrible genocide dans l’oubli ».
Le 2 août 1998 marque le début de la rébellion (RCD) contre l’ancien président Laurent-Désiré Kabila menée par les soldats et ses anciens camarades de maquis qui l’avaient porté au pouvoir en mai 1997. Cette rébellion a été soutenue par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Dénommé la deuxième guerre du Congo, ce conflit armé a engendré de nombreux massacres et violations des droits de l’homme.