Le président rwandais, Paul Kagame a exprimé mercredi son pessimisme sur la fin des conflits dans le monde. S’exprimant à la tribune de la 78e Assemblée générale de l’ONU à New York, l’homme fort de Kigali a dénoncé l’injustice que ces conflits font peser sur les innocents, prenant comme exemple la crise migratoire qui pousse chaque année migrants et réfugiés à entreprendre des voyages dangereux à la recherche d’un avenir meilleur.
Eludant la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, où son pays est accusé d’agression, documentée notamment le Groupe d’experts de l’ONU, Paul Kagame a affirmé qu’aujourd’hui, « rien ne laisse présager une fin prochaine des conflits en cours » dans les différentes parties du monde.
« Nous ne voyons même pas l’espoir, de la part de ceux qui ont le plus d’influence, qu’une fin soit en vue. Des vies innocentes doivent supporter seules le fardeau de cette instabilité. C’est une profonde injustice. La crise migratoire en est un bon exemple. Chaque année, les migrants et les réfugiés entreprennent des voyages dangereux à la recherche d’un avenir meilleur », a-t-il déclaré.
Face à cette situation, il a assuré que le Rwanda reste déterminé à travailler avec ses partenaires, notamment le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, pour contribuer à une solution durable.
« Cette décision est éclairée par notre expérience et par la connaissance directe de la douleur de tout perdre et de ne pas avoir de chez-soi. Cela fait partie de notre promesse de ne laisser personne de côté », a-t-il expliqué.
Dans la foulée, il a estimé que les Etats ont toujours besoin d’un forum plus efficace pour gérer les crises mondiales, rappelant que, c’est pour cela que les Nations unies ont été créées en premier lieu.
Toutefois, dit-il, cela ne dispense aucun pays ou région de la responsabilité de remédier aux déficits de gouvernance qui sont à l’origine de l’instabilité. A cet égard, il a salué le rapport du secrétaire général de l’ONU sur un nouvel agenda pour la paix.
Rwanda, faiseur de paix
Paul Kagame a aussi vanté les prouesses réalisées son armée dans le cadre du maintien de la paix.
Selon lui, les interventions bilatérales, auxquelles le Rwanda contribue activement en divers endroits, peuvent apporter une réponse rapide à une situation de crise. Mais pour avoir un effet durable, a-t-il prévenu, elles doivent ouvrir la voie à un engagement multilatéral et à des progrès politiques internes.
« Quel que soit le nombre de troupes déployées, l’état d’esprit doit être d’obtenir des résultats qui servent les intérêts des populations sur le terrain », a-t-il expliqué, soulignant que faire un discours en faveur de la paix et se perdre dans les processus et les formalités ne fait que confirmer l’attention sélective de certains membres de la communauté internationale.
L’Afrique doit « parler d’une seule voix »
Concernant l’Afrique en particulier, il a insisté sur l’urgence pour ce continent de « parler d’une seule voix » et d’être pleinement représenté dans les instances où se prennent les décisions concernant son avenir.
« Nous avons encore un long chemin à parcourir. L’Afrique a un besoin urgent d’être pleinement représentée dans les instances où se prennent les décisions concernant notre avenir. Il est tout aussi urgent que l’Afrique soit pleinement prête à parler d’une seule voix », a-t-il ajouté, plaidant pour un cadre de coopération au développement plus efficace qui doit accorder le même poids aux besoins et aux priorités de chacun. C’est ce qui, rappelle-t-il, construit des partenariats justes et égaux et un monde plus juste et plus pacifique.