Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, appelle à éviter une situation intenable dans laquelle la charge de la responsabilité du financement de l’action climatique est transférée aux économies en développement, qui ont le moins contribué au stock mondial de carbone.
Dans son discours prononcé vendredi lors du premier segment de haut niveau sur l’inventaire mondial de la Conférence des parties aux Nations unies sur les changements climatiques (COP 28) à Dubaï, Émirats arabes unis, il a affirmé que « la réforme de la dette doit être au cœur des discussions financières ».
Pour Cyril Ramaphosa, il faut un nouveau partenariat pour réformer en profondeur les banques multilatérales de développement, afin qu’elles puissent fournir une part significative et accrue des nouveaux investissements dans une croissance résiliente au changement climatique et à faibles émissions.
« Les pays en développement ont supporté le plus gros des effets néfastes du changement climatique. Pourtant, ils n’ont toujours pas reçu le soutien multilatéral requis pour relever le défi climatique, en particulier pour renforcer la résilience climatique. Il est très préoccupant que les engagements des pays à économie développée n’aient pas été respectés et que très peu de financements aient été acheminés via le mécanisme financier de la CCNUCC, notamment le Fonds vert pour le climat et le Fonds d’adaptation. Le Bilan mondial devrait envoyer un signal clair selon lequel les engagements historiques doivent être honorés et le mécanisme financier que nous avons collectivement conçu pour lutter contre le changement climatique doit recevoir un soutien prioritaire. L’obtention d’un financement ambitieux pour le nouveau Fonds pour les pertes et dommages présente une opportunité évidente de rectifier le tir. Je félicite le président de la COP28 pour l’adoption de la décision de rendre opérationnel le fonds pour les pertes et dommages et je remercie les pays qui ont déjà fait des dons généreux. Lors de la COP28, nous devons réaffirmer notre engagement en faveur du multilatéralisme. Nous espérons que le Bilan mondial témoignera d’un engagement ferme en faveur d’un véritable partenariat entre le Nord et le Sud qui produira des résultats concrets. L’augmentation du financement climatique reste un outil essentiel pour permettre aux pays en développement de respecter leurs engagements climatiques. Même si l’accent est mis sur l’augmentation du financement climatique en mobilisant des financements du secteur privé, nous devons également veiller à ce que les projets du secteur public aient accès à des niveaux adéquats de financement abordable. Les flux financiers destinés à soutenir les trajectoires vers un développement à faibles émissions de gaz à effet de serre et résilient au changement climatique doivent être guidés par le principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives », a-t-il déclaré.
Soulignant que le Bilan mondial offre l’occasion de corriger le discours déformé sur la technologie et la propriété intellectuelle, le président sud-africain a laissé entendre que les pays en développement doivent avoir accès à des technologies propres et vertes à un prix abordable.
Dans ce contexte, il a plaidé pour un soutien financier à l’innovation technologique dans les économies en développement et une volonté des investisseurs de proposer des accords d’achat qui soutiendront la production industrielle locale.
Cyril Ramaphosa estime que le Bilan mondial doit en outre aborder la tendance inquiétante des mesures unilatérales et coercitives faussant les échanges prises au nom de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.
Selon lui, les taxes carbone unilatérales aux frontières qui inversent les flux financiers du Sud vers le Nord et transfèrent le fardeau de l’action climatique sur les plus vulnérables sont inacceptables.
« Ces mesures portent atteinte au principe de responsabilités et de capacités communes mais différenciées et porteront préjudice aux économies en développement, compromettant ainsi les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable », a-t-il dit, soulignant la nécessité d’un nouveau partenariat pour soutenir les voies justes choisies par les pays souverains vers un développement à faibles émissions et résilient au changement climatique.
Un soutien considérablement accru sous forme de subventions est nécessaire pour des transitions justes, sachant qu’il ne peut y avoir de formule universelle pour abandonner les combustibles fossiles, a-t-il martelé.