L’ancien chef de guerre, Jean-Pierre Bemba, actuellement ministre de la Défense de la RDC, mérite « la prison », affirme le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha), rappelant les crimes « commis par le MLC (Mouvement de libération du Congo) », lesquels seraient répertoriés par la mission d’enquête du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme concernant les violences et crimes de guerre perpétrés sur le territoire de la République démocratique du Congo sur une période de dix ans allant de mars 1993 à juin 2003, englobant de fait la première et la deuxième guerre du Congo.
Lors de la deuxième guerre du Congo (1998), Jean-Pierre Bemba avait monté sa milice avec l’aide du président ougandais Yoweri Museveni qui lui avait envoyé des troupes ougandaises en soutien et de l’armement. Le Chairman avait installé son quartier général à Gbadolite, dans la province de l’Équateur, où il contrôlait la production de matières premières. Ses miliciens ont été également accusés en 2003 d’avoir « violé, cuisiné et mangé des Pygmées de la région de Mambasa en Ituri », des allégations rejetées par l’actuel ministre de la Défense.
S’exprimant lors d’un point de presse dimanche 10 décembre 2023, à Mbandaka, dans la province de l’Equateur, Jean-Pierre Bemba a indiqué qu’il n’avait pas fait la révolution contre la RDC, mais mené un combat pour libérer le peuple contre la dictature pour instaurer la démocratie.
« Si j’avais pris les armes ce n’était pas pour mon intérêt personnel. Je pense que beaucoup d’entre vous connaissent la famille dans laquelle je suis issu. Je ne manquais rien. Bien au contraire j’avais pris le grand risque pour défendre le peuple, au risque de perdre ma vie. Plusieurs fois j’avais échappé à la mort pendant la révolution tout comme pendant la transition 1+4. Donc, je n’avais pas fait la révolution contre mon pays, mais j’avais mené un combat pour libérer le peuple contre la dictature pour instaurer la démocratie en RDC », a déclaré le leader du MLC devant la presse locale.
Dans sa réaction, la Lucha estime que la place de Bemba, qui jouit actuellement de « l’impunité » est en « prison ».
« De Mbandaka à Beni en passant par Ituri, les crimes commis par votre MLC sont bien documentés, y compris ds le Rapport Mapping. Profitez bien de l’impunité d’aujourd’hui. Quand viendra le temps de la justice, et il viendra un jour, vous serez à la place que vous méritez : Prison », a indiqué l’organisation de la société civile.
Rapport Mapping
Ce rapport est un inventaire des violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises sur le territoire de la RDC entre mars 1993 et juin 2003.
La première période, qui s’étend du mois de mars 1993 au mois de juin 1996 traite des violations commises au cours des dernières années de pouvoir du Président Joseph-Désiré Mobutu, marquées par la mise en échec du processus de démocratisation et les conséquences dévastatrices du génocide rwandais, en particulier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
La seconde période, qui s’étend de juillet 1996 à juillet 1998, traite des violations perpétrées pendant la première guerre et les premiers quatorze mois du régime mis en place par le président Laurent-Désiré Kabila.
La troisième période dresse l’inventaire des violations commises entre le déclenchement de la deuxième guerre en août 1998 et la mort du président Kabila, en janvier 2001.
Enfin, la dernière période répertorie les violations perpétrées dans un contexte de respect progressif du cessez-le-feu le long de la ligne de front et d’accélération des négociations de paix en vue du lancement de la période de transition, le 30 juin 2003.