Le ministère public a requis, vendredi 8 mars, 20 ans de servitude pénale principale contre le journaliste Stanys Bujakera Tshiamala, accusé faussement d’avoir fabriqué un document pointant la responsabilité de l’Agence nationale des renseignements (ANR) dans l’assassinat à Kinshasa de Chérubin Okende, ancien porte-parole du parti de l’opposant Moïse Katumbi.
Pour Reporters sans frontières (RSF), une organisation internationale agissant pour la liberté, le pluralisme et l’indépendance du journalisme, il s’agit d’un « réquisitoire de la honte » car, le ministère public a été « incapable » de présenter la moindre preuve depuis six mois.
« Ahurissant! Le tribunal porterait une responsabilité historique s’il condamnait ce journaliste », prévient RSF.
Au cours de l’audience de ce vendredi, la défense de Bujakera a plaidé pour son acquittement parce que, affirme maître Papy Niango, « jusqu’à la clôture de débat, l’accusation a démontré des faiblesses pour produire une moindre preuve pouvant incriminer Stanis. Pas de preuve en matière pénale, ça amène au doute et le doute amène à l’acquittement du prévenu ».
De son côté, maître Jean-Marie Kabengela pense les juges faisant état de leur liberté d’appréciation n’ont que la possibilité d’acquitter Stanys Bujakera étant donné que l’expert désigné par le tribunal pour la contre-expertise « n’a pas trouvé de trace de la circulation de ce document ».
Dans un communiqué, Amnesty International a appelé le président Félix Tshisekedi et le gouvernement congolais à garantir la libération de Stanis Bujakera et la liberté des médias, ainsi qu’ à respecter les obligations internationales du pays en matière de droits humains et remédier aux failles du système judiciaire qui conduisent trop souvent à de telles injustices.
« La libération de Stanis Bujakera aurait dû être libérée depuis longtemps. Son maintien en détention arbitraire s’apparente à un acharnement judiciaire, destiné à envoyer un message effrayant aux autres journalistes et à toutes les voix libres en RDC. Cette parodie doit cesser. Les autorités de la RDC doivent immédiatement libérer Stanis Bujakera » a déclaré Amnesty International.
Le journaliste Bujakera est « peut-être victime d’une justice malade », avait estimé le 22 février, devant la presse, le président congolais Félix Tshisekedi, qui disait par conséquent avoir décidé de « mettre son nez » dans ce dossier.