Le président rwandais, Paul Kagame est longuement revenu dimanche, dans son discours d’investiture, sur la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, où l’armée rwandaise opère aux côtés du M23, une milice sanctionnée par l’ONU prétendant défendre les droits des communautés rwandophones. L’homme fort de Kigali, qualifié de « criminel » par son homologue congolais, Félix Tshisekedi, pour son soutien aux rebelles, a appelé à trouver un compris « pour que tout le monde ait la paix ».
Dans un stade Amahoro rempli comme un œuf, en présence de plusieurs dirigeants africains, dont Denis Sassou N’guesso du Congo-Brazzaville, João Lourenço de l’Angola, William Ruto du Kenya et Emmerson Mnangagwa du Zimbabwe, Paul Kagame a exigé le respect des droits à la citoyenneté des Tutsi congolais, prévenant qu’ « il ne peut y avoir de paix véritable si ces droits ne sont pas respectés ».
« Il faut comprendre que c’est une nécessité, car il s’agit des droits des peuples. On ne peut pas se réveiller un jour et décider de refuser à qui l’on veut ses droits de citoyen et espérer s’en tirer impunément. Il faut trouver un terrain d’entente, un compromis », a-t-il déclaré.
Rappelant que « la paix ne peut pas s’instaurer toute seule », le président Kagame, qui a toujours accusé la RDC de soutenir les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), a exhorté toutes les parties au conflit à faire ce qu’il faut pour trouver une solution durable.
« Nous devons tous faire notre part et faire ce qu’il faut pour parvenir à la paix et la maintenir. Cela ne doit pas être considéré comme une faveur faite à qui que ce soit. Faire ce qui est nécessaire pour que tout le monde ait la paix ne peut pas être une faveur accordée à qui que ce soit. C’est une obligation. En fin de compte, lorsque la paix n’est pas obtenue, c’est pour cela que les gens se lèvent et se battent pour elle », a-t-il souligné.
De son côté, Kinshasa a refusé tout dialogue avec le M23. Favorable à une rencontre directe avec Paul Kagame, Félix Tshisekedi ne cesse de d’exiger des sanctions internationales contre le Rwanda.
Dans son discours, le président rwandais a affirmé que « les puissants n’ont plus le droit d’imposer leur vision de la vie des autres, ni de créer des récits qui falsifient la vérité. Il faut toujours résister à cette tentation, même sous pression ».
Défait en 2013, le M23 a ressurgi en 2021. Les rebelles réclament la protection de la communauté Tutsi, la réforme de l’armée congolaise (Forces armées de la Fépublique démocratique du Congo, FARDC) et l’amélioration de la gouvernance. En outre, ils dénoncent le non-respect des engagements des Déclarations de Nairobi, signées après la fin du précédent soulèvement, dont l’amnistie, la démobilisation et la réinsertion sociale de ses membres.
Appuyé par plus de 3000 militaires rwandais (selon le dernier rapport de l’ONU), le M23 a réussi à occuper de vastes zones de la province de Nord-Kivu, en particulier dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, et Masisi.