La ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), fait face à plusieurs défis sur le plan économique, social, administratif et écologique. Embouteillages, inondations, mauvaise qualité de desserte en eau potable et électricité, insalubrité, le quotidien des Kinois est un véritable chemin de croix.
Dans cette métropole qui s’étend sur 10.000 km², il y a un sérieux problème de mobilité et de circulation de la population. Pendant la saison de pluie, plusieurs quartiers paient un lourd tribut: des pertes en vies humaines sont enregistrées et des biens emportés. Les solutions conjoncturelles ne tiennent plus, il est temps de repenser la gestion du siège des institutions congolaises.
Ces problèmes, prévient le Premier ministre honoraire, Adolphe Muzito, feront de Kinshasa « une bombe, au point de vue social, politique et sécuritaire, à désamorcer avant qu’il ne soit tard ».
Pour y remédier, le leader du parti Nouvel Elan préconise un plan de modernisation et d’extension de la ville de Kinshasa à l’Est, c’est-à-dire vers N’sele et Maluku. Selon lui, ce plan aura pour but d’étaler la population non pas sur les 1.100 km² actuels, mais sur 5.000 km², soit 3.000 km² de terres additionnelles ou 4.000.000 de parcelles à vendre en réservant les 4.000 km² autres à l’agriculture, aux espaces verts et aux générations futures.
Ainsi, dit-il, la densité de Kinshasa dans les 20 ans à venir pourrait passer de 2.000 à 4.000 hab/km² ce qui réduira la densité moyenne des communes très peuplées actuelles de 100.000 à 5.000 habitants au km².
Muzito propose aussi la distribution des terres dans le cadre de ce plan à préfinancer par l’Etat et les clients demandeurs des terres et des logements; la construction préalable par l’Etat des infrastructures essentielles et la mise en place subséquente d’un fonds de modernisation et d’extension de Kinshasa, alimenté, dans le cadre d’un partenariat public-privé, par les entreprises de construction, les institutions financières, l’Etat, les chefs des terres et la communauté de demandeurs des terrains et logements.
A en croire l’ancien chef de l’exécutif congolais, ce fonds servira à la viabilisation de la partie « Est » de Kinshasa, en assurant la pérennité des programmes des constructions des voiries, des centrales énergiques et d’adduction d’eau potable, des établissements scolaires, des centres de santé, des infrastructures récréatives, des bureaux de l’administration publique et des organismes internationaux.
« Ce plan de modernisation et d’extension de Kinshasa vers l’Est va résoudre les problèmes : de déséquilibre dans la répartition spatiale de la population actuelle et à venir de Kinshasa ; de déséquilibre de distribution des infrastructures économique et sociale de la ville de Kinshasa dont celles de la desserte en eau potable et en électricité ; de la taille de municipalités à travers un nouveau découpage (Kimbanseke par exemple devrait être démembrée en 10 communes d’au moins 24 km² chacune en moyenne pour 150.000 habitants environ pour chacune ; des politiques de logement pour son accessibilité à toutes les couches sociales ; de la voirie et de l’écologie de la ville ; du chômage et de la délinquance juvénile ; de l’investissement et du développement économique de la ville », a-t-il expliqué dans sa 6ème tribune intitulée « Kinshasa : l’enfer au paradis ».
Il est convaincu que ce plan constituera « une source de croissance pour le pays ; une convergence d’intérêts économiques et sociaux pour les banques en termes de dépôts de la part d’une nouvelle clientèle ; pour les sociétés de construction : une offre nouvelle des marchés des infrastructures publiques dans le cadre d’une politique de grands travaux ;. pour la jeunesse : une opportunité d’emplois, de revenus et des crédits logements, etc. ; pour l’État et la ville : une source des recettes fiscales ».
« Pour les gagne-petits et les familles nombreuses aux revenus modestes, l’Etat devra financer la construction des logements sociaux à leur louer à des prix tenant compte de leur situation sociale, avec option d’une vente à tempérament », a suggéré Adolphe Muzito.
A Kinshasa, regrette-t-il, les infrastructures de santé, la couverture en eau potable et en électricité, les établissements scolaires, académiques restent concentrés dans les 22 communes, représentant 11% de l’espace, tandis que les 2 communes (Nsele et Maluku) dites semi-rurales sont des parents pauvres dans tous ces domaines.
Reagan Ndota