« Les armées de la région (EAC) resteront avec vous pour assurer votre sécurité jusqu’à ce que le gouvernement de la RDC se constitue une armée et une police qui seront protectrices de tout le monde », cette déclaration du président burundais faite à l’ouverture de la troisième session des consultations politiques de Nairobi sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC suscite une vague d’indignation à Kinshasa.
Après l’opposant Martin Fayulu, le député Claudel Lubaya a fulminé contre les propos du président Evariste Ndayishimiye qu’il qualifie de « discours inapproprié, irrespectueux et inamical ».
L’élu de Kananga estime que cette déclaration remet en cause les frontières de la République démocratique du Congo et légitime maladroitement les velléités d’occupation d’une partie du territoire congolais.
« En effet, la déclaration médiatisée et du reste solennelle de ce Chef d’Etat, remet subtilement en cause la souveraineté de la RDC en tant qu’État indépendant, la légitimité de ses institutions ainsi que l’autorité et la capacité de ses dirigeants à remplir correctement les missions régaliennes qui leur incombent en matière de défense, sécurité et ordre public. Elle remet également en cause les frontières de notre pays et légitime maladroitement les velléités d’occupation d’une partie du territoire. Elle touche au final à notre dignité en tant que peuple libre de même qu’elle nuit à l’image de nos forces armées », a-t-il dénoncé.
Aussi, fait-il remarquer que les propos du chef de l’État burundais (également président de l’EAC) sont « graves et donnent le sentiment que les autorités congolaises seraient déterminées à sous-traiter, en violation de l’article 214 de la Constitution, la défense de l’intégrité du territoire par des armées étrangères notamment les troupes de l’EAC déjà déployées sur le sol congolais en lisière de la zone de conflits ».
Face à cette situation, Claudel Lubaya demande au gouvernement congolais de fournir clairement les explications sur les motivations à la base de l’adhésion de la RDC à l’EAC dont, affirme-t-il, les visées politiques et stratégiques suscitent des interrogations ainsi que sur le mandat, la durée et le financement de la mission militaire de l’EAC sur le territoire congolais.
Lubaya rappelle en outre que, « des choix diplomatiques hasardeux et obscurs peuvent porter atteinte à la souveraineté du pays ».
Mardi, Martin Fayulu a indiqué qu, « le communiqué signé lors du mini-sommet de Luanda et les propos tenus ce lundi 28 novembre à Nairobi par le président burundais constituent des preuves de la capitulation de la RDC ».
Pour le président de l’ECiDé, les engagements pris à Luanda permettant aux rebelles du M23 d’une part, de se replier sur les villages situés au pied du mont Sabinyo, dans le parc national de Virunga, et d’autre part aux troupes de l’Ouganda, du Rwanda, du Burundi et du Kenya de s’installer dans les zones jadis occupées par le M23, sous le label des Forces de la Communauté de l’Afrique de l’Est, sont inacceptables.
« Cela veut tout simplement dire que nous allons désormais perdre notre souveraineté sur l’ensemble du territoire de Rutshuru, sur une partie de Nyiragongo et sur une partie de Masisi », a-t-il fustigé.
Fayulu a ainsi appelé les Congolais à dénoncer l’agression rwandaise au travers des manifestations grandioses sur l’ensemble du territoire national et d’exiger le départ des éléments du M23 et des troupes de la Communauté d’Afrique de l’Est de la RDC.
Reagan Ndota