Une relation en dents de scie. Entre l’Etat et l’Eglise catholique, acteur clef de la vie publique en RDC, la collaboration est souvent caractérisée par des tensions, résultant des positions très critiques de l’épiscopat à l’égard du pouvoir. Après la brouille (d’avril) occasionnée par les dernières homélies et sorties médiatiques du cardinal Fridolin Ambongo, dans lesquelles il a notamment chargé l’administration Tshisekedi de soutenir les rebelles rwandais des FDLR, dans un contexte d’intenses combats entre les FARDC et la coalition M23-RDF, les relations seraient en voie d’amélioration. Un changement d’atmosphère que reflètent les déclarations faites jeudi 16 mai par l’archevêque métropolitain de Kinshasa après sa rencontre avec le chef de l’Etat, en présence du chargé d’affaires de la Nonciature, monseigneur Andriy Yevchuk.
Visé par une information judiciaire pour avoir, « depuis belle lurette », tenu des « propos séditieux, de nature à décourager les militaires des forces armées de la République qui combattent au front, mais aussi incitatifs à la maltraitance par les rebelles et autres envahisseurs des populations locales déjà meurtries par autant d’années de déstabilisation », le cardinal Fridolin Ambongo a sollicité et obtenu une audience à la première institution du pays, alors que les partisans du régime réclament sa comparution devant le parquet général près la Cour d’appel de Matete à Kinshasa.
A l’issue de cette rencontre, qui a surpris plus d’un Congolais, Ambongo au ton conciliant a laissé entendre que l’Etat et l’Eglise catholique sont « condamnés » à travailler ensemble pour l’intérêt de la population. Avec Tshisekedi, c’était « un moment de clarification », a-t-il indiqué, précisant que « là où les hommes se parlent, les choses sont claires ».
« Pour moi, normalement, il n’y a plus de problème. Il y a eu plus de malentendu que de vrai problème. C’était nécessaire qu’on se rencontre pour faire la lumière sur tous ces sujets qui avaient peut-être créé des malaises. Et maintenant qu’on se parle tout devient claire. Je crois que nous nous retrouvons sur un seul point. En tant que chef de l’Etat, son souci est le bien du peuple congolais. Il s’implique corps et âme pour que ce pays puisse retrouver sa sérénité et sa respectabilité sur la scène internationale. C’est le combat qu’il est en train de mener. De notre part, en tant qu’Eglise, notre souci est aussi le bien de ce même peuple. Nous sommes condamnés à travailler ensemble main dans la main pour le bien-être de ce peuple et pour le bien de notre pays qui est aujourd’hui en péril à cause de la voracité des pays voisins que nous connaissons », a-t-il déclaré.
En juin 2023 à l’occasion de la messe jubilaire de monseigneur Bernard Kasanda à Mbuji-Mayi au Kasaï oriental, le président Tshisekedi avait affirmé que « l’Etat et l’Eglise ont l’obligation de collaborer et de marcher ensemble ».
Durant le premier quinquennat de Félix Tshisekedi, les relations entre le pouvoir et les Catholiques ont oscillé entre « tension » et « accalmie ».