Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) demande au gouvernement congolais de cesser toute collaboration avec les milices locales. Cette demande est formulée deux jours après que le ministre de l’ESU, en conférence de presse à Goma, a déclaré que les autorités congolaises ont décidé de collaborer avec les milices locales afin de défendre l’intégrité du pays.
La Lucha a condamné avec véhémence les propos du ministre Muhindo Nzangi, « qui mettent en évidence l’incapacité criante des autorités congolaises à sécuriser les Congolais et leur pays aussi bien sur le court que le long terme ».
« Plus de 48 heures après sa conférence de presse, les propos du ministre n’ont pas été contredits par le porte-parole du gouvernement, moins encore par le premier ministre, chef du gouvernement, et encore moins par le cabinet du président de la République », déplore le mouvement pro-démocratie.
L’organisation de la société civile rappelle que depuis des années, les groupes armés locaux commettent des crimes graves contre les populations civiles et que certaines d’entre elles, à l’exemple du NDC-R, sont en collision avec des États étrangers.
Avec cette réalité, dit la Lucha, leur apporter un appui et une légitimité comme l’annonce le ministre Nzangi est inacceptable pour plusieurs raison : « C’est une insulte pour les populations victimes de leurs actes qui attendent toujours justice; ces pratiques détruisent davantage l’armée nationale qui est déjà suffisamment affaiblie et compromettent le processus de PDDRCS qui peine à se mettre en œuvre; accorde un prétexte de plus aux États agresseurs de la RDC et pose les bases d’une insécurité permanente sur le long terme ».
« Cette approche est inefficace, dangereuse et irresponsable comme stratégie de sécurisation des Congolais », a prévenu la Lucha, qui regrette que les autorités congolaises peinent à cerner leurs responsabilités dans la détérioration de la situation sécuritaire au Nord-Kivu et continuent à prendre des mesures « totalement irréfléchies » qui pourraient hypothéquer la sécurité des Congolais pour des années.
Selon cette structure, alors que l’état de siège qui détourne l’armée de sa mission régalienne n’a toujours pas été levé et que les troupes de l’EAC qui se comportent en supplétif du M23 continuent d’être déployées avec l’accord du président Félix Tshisekedi, la décision d’appuyer et de légaliser les milices locales est clairement la preuve d’une gouvernance sécuritaire par tâtonnement.
A la place des décisions « hasardeuses et irréfléchies » qui mettent en danger la vie des Congolais et la souveraineté nationale, la Lucha recommande aux autorités Congolaises de « lever l’État de siège et rétablir les institutions civiles afin que tous les militaires s’occupent de la défense du pays plutôt que de faire la politique et le business; rompre les relations diplomatiques avec le Rwanda et l’Ouganda et mettre fin aux opérations militaires étrangères en cours dans notre pays, réduire drastiquement le train de vie des institutions et affecter les moyens économisés à l’effort de guerre dans l’Est et à l’assistance humanitaire des populations affectées par la guerre. Veuillez à ce que les moyens alloués servent à leur fin et soient gérés avec orthodoxie… ».
La Lucha suggère également de réformer, renforcer et assainir les FARDC (vetting du commandement, moyens logistiques, améliorer les soldes et les conditions sociales des militaires et leurs familles, renforcer la discipline,…), mettre en œuvre de toute urgence le Programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation (PDDRC-S) afin de donner une porte de sortie sûre aux combattants qui déposent les armes.
« Pour ce fait, l’ex M23 Tommy Tambwe doit être remplacé à la tête de ce programme par des animateurs crédibles », dit la Lucha, qui appelle en outre de saisir, sans délai, les Nations unies pour demander la création d’un tribunal pénal spécial pour la RDC ou d’un mécanisme internationalisé équivalent devant juger les principaux auteurs Congolais et étrangers des crimes graves commis en RDC depuis 1990, y compris ceux documentés par le rapport Mapping.