La Russie a condamné mercredi « les arguments négatifs » des pays occidentaux sur la situation au Mali. Selon Moscou, les griefs de ces pays « n’ont rien à voir avec le souci du bien-être du Mali, mais soulignent, au contraire, qu’ils se moquent de l’opinion des Maliens eux-mêmes et qu’ils ne s’en sont jamais préoccupés ».
Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est penché mercredi 12 avril sur la situation au Mali. Plusieurs pays, notamment les USA, la France et l’Equateur ont chargé le gouvernement malien au sujet de la question des droits et des restrictions imposées à la Minusma. Ils ont aussi fustigé la coopération russo-malienne. Ce qu’a dénoncé la Russie, insistant sur le respect de la souveraineté du Mali.
Le représentant permanent de la Russie a souligné que tout le monde sait que la déstabilisation du Sahel et particulièrement du Mali est « le résultat des actions irresponsables des pays occidentaux en Libye ». Il a par conséquent appelé ces derniers à « reconnaître leurs erreurs », à « abandonner leurs visées néocoloniales » et à laisser les Maliens et les citoyens des autres pays de la région prendre le « gouvernail » et résoudre leurs problèmes avec l’aide des partenaires qu’ils ont eux-mêmes choisis.
Vassily Nebenzia a expliqué que la Russie fournit une assistance complète à l’armée malienne, notamment en termes d’amélioration de son efficacité au combat, de formation et de coopération bilatérale, laquelle se fait « à la demande de Bamako et dans le strict respect des règles applicables du droit international ». Les forces armées maliennes ont ainsi pu augmenter de manière significative leur capacité de lutte contre le terrorisme et la convertir en résultats tangibles sur le terrain, a-t-il dit.
Assurant que son pays n’a reçu aucune plainte de la part de ses partenaires africains quant à l’engagement russe dans la région, il a appelé les partenaires internationaux de Bamako à s’abstenir de politiser les questions de soutien des donateurs, qui ont entraîné la suspension du financement au Mali.
La Fédération de Russie, a-t-il conclu, continuera à contribuer à la normalisation de la situation au Mali dans le cadre du Conseil de sécurité et à fournir un soutien global à Bamako sur une base bilatérale.
Passe d’armes entre Mali et France
Entre le Mali et la France, la tension ne faiblit pas. En pleine réunion du Conseil de sécurité, le représentant permanent du Mali, Issa Konfourou a pris à partie le représentant de la France, Nicolas De Rivière, qualifiant sa mémoire de « sélective » au sujet de la « tragédie » de Moura.
Dans le rapport de la Commission d’enquête internationale pour le Mali, a-t-il pointé, plusieurs paragraphes sont consacrés aux violations des droits humains commises au Mali par les forces armées françaises. En janvier 2021, les forces françaises ont aussi « transformé une célébration de mariage en tragédie nationale » à Bounty, a-t-il dénoncé.
Reprenant la parole, Nicolas De Rivière a dit ne pas avoir l’intention de polémiquer avec son homologue du Mali, précisant toutefois que « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Or, a-t-il dit, les propos tenus par le représentant malien à l’égard de la France sont « excessifs et donc insignifiants ».
La France, a-t-il rappelé, est intervenue au Mali à la demande des autorités maliennes en 2013, alors que le pays faisait face à une offensive d’Al-Qaida, dont les forces progressaient vers la capitale et auraient pris le contrôle intégral du pays « à 48 heures près ». Il a ajouté qu’au début de 2013, « qu’on le veuille ou non », c’est l’armée française qui a sauvé l’indépendance du Mali.
Faute de l’intervention française, le pays serait tombé aux mains de ce groupe terroriste, a souligné le délégué, avant de rappeler que 50 soldats français sont tombés « pour la défense de l’intégrité, de la souveraineté et de la paix du Mali ».
Quant aux faits évoqués par le représentant du Mali, il les a qualifiés d’inexacts, notamment ceux relatifs à un mariage dans le village de Bounty. Selon le représentant de la France, les premiers rapports de l’ONU sur cet incident étaient « malheureusement inexacts et infondés ».
« Basons-nous sur des faits et attendons patiemment que le rapport de Moura sorte », a conclu le délégué, assurant que la France continuera à aider le Mali et sa population, qui souffre et a « probablement » besoin de démocratie.
Le Mali n’a pas épargné l’Equateur
Issa Konfourou s’en est pris aussi à l’Équateur, au motif que le Mali « n’a pas de leçons à recevoir d’un pays épinglé pour ses violations des droits humains ». Les persécutions contre les journalistes et les juges sont « monnaie courante » en Équateur, s’est-il emporté.
Dans sa réaction, Pérez Loose, représentant de l’Equateur, a précisé qu’il n’avait pas tenté de « faire la leçon » au gouvernement malien lors de son intervention, les droits humains n’étant selon lui « l’apanage d’aucun pays ». Aucun journaliste n’a été poursuivi en Équateur, a-t-il martelé.