Bien qu’étant contre la proposition de loi Tshiani qui réserve l’accession aux fonctions de souveraineté aux Congolais « de père et de mère », l’ancien Premier ministre, Adolphe Muzito demande tout de même à Moïse Katumbi qui se considère comme la cible, de défendre sa position, à travers ses élus, au « Parlement illegitime qu’ils ont accepté ».
Le texte proposé par Noël Tshiani, ancien candidat à la présidentielle de 2018, divise la classe politique congolaise. Les diplomates étrangers se sont aussi invités au débat. Pour certains, la proposition de loi Tshiani est « discriminatoire » et risque de fragiliser davantage le pays.
Alignée dans le calendrier de la session parlementaire de mars à l’Assemblée nationale, cette initiative n’est pas proposée à un « moment opportun », estime Adolphe Muzito, qui souligne qu’il voterait « contre » s’il était « dans ce Parlement illegitime ».
Cependant, l’ancien chef de l’exécutif congolais suggère à tous ceux qui s’y opposent, notamment Moïse Katumbi, de laisser le Parlement trancher.
« Je considère que Monsieur Katumbi a soutenu ces institutions. Il reconnait ce Parlement illegitime, il y siège à travers son parti, qu’ils aillent jusqu’au bout de la logique, c’est-à-dire que la loi passe si la majorité est pour la loi, qu’elle ne passe pas si la majorité est contre la loi. Je suis contre cette proposition de loi. Je voterai contre si j’étais dans ce Parlement illegitime parce que je trouve que le moment n’est pas opportun. Je demande à Monsieur Katumbi et aux autres qui sont contre cette loi de jouer dans le Parlement par respect aux institutions qu’ils ont acceptées pour que le Parlement tranche », a-t-il indiqué.
Pour Noël Tshiani, ce texte vise à protéger la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la RDC.
« Affirmons notre indépendance nationale des mains des prédateurs de nos ressources naturelles et de leurs mercenaires étrangers », a-t-il dit, appelant les Congolais à le soutenir.
Crise au sein de Lamuka
Muzito s’est aussi exprimé au sujet de la crise qui prévaut au sein de la coalition Lamuka, marquée par la rupture de l’alliance avec Fayulu.
Selon l’initiateur de Nouvel Elan, il y a eu divorce parce que Martin Fayulu a choisi de l’exclure en violation de la convention portant création de Lamuka.
« Ses tentatives datent de très longtemps, quand il a commencé par la création unilatérale du Bloc patriotique. Nous sommes régis par une convention qui fait que désormais, nous sommes les deux seuls partis qui dirigeons Lamuka alternativement. Son mandat était terminé, il devait passé le flambeau au Nouvel Elan, mais il a frauduleusement et unilatéralement choisi de coopter Monsieur Kalele, qui est de son regroupement politique lui passer le flambeau au dépens de Nouvel Elan », a-t-il dit.
Adolphe Muzito ne reconnait pas avoir demandé à Martin Fayulu de prendre acte de s’auto-exclusion.
« Il a prétendu cela dans le communiqué, nous nous avons protesté, nous lui avons demandé de présenter ce document par lequel il prétend que moi, je lui ai demandé de prendre acte de mon départ. Il n’a jamais présenté cette lettre là jusqu’à ce jour », a-t-il ajouté.
La raison du divorce
« Ce qui nous sépare fondamentalement est que lui pense que Lamuka,c’est pour lui et moi, je pense que Lamuka n’est pas pour moi, ni lui. Lamuka c’est pour nos deux partis, c’est pour la population. C’est une plateforme de résistance et non pas une plateforme électorale. Entant que plateforme de résistance, Lamuka est à la disposition de la population pour se mobiliser, exiger de très bonnes élections, le respect du délai constitutionnel de manière à ce que ce qui s’est passé en 2018, ne se répète pas en 2023. Donc, un espace de résistance ne doit pas appartenir à une personne », a expliqué l’initiateur de Nouvel Elan.
Muzito pense que l’annonce de sa candidature à la présidentielle ne peut nullement être considérée comme la cause du divorce car, « Martin Fayulu pouvait prendre l’initiative de quitter Lamuka ou d’organiser la séparation à l’amiable. Malheureusement, il a utilisé les mensonges pour m’exclure unilatéralement et frauduleusement, et passer le flambeau de Lamuka (à Mathieu Kalele) alors que c’était le tour de mon parti ».
Il n’y a aucune alliance avec Félix Tshisekedi
Muzito a rejeté les allégations du camp Fayulu selon lesquelles il se serait rallié à Félix Tshisekedi.
« C’est du fétichisme ! Ils ne peuvent pas, sur les propres inventions, sur base d’un tel mensonge, m’exclure de Lamuka. Ce n’est pas vrai puisque nous aussi nous pensons qu’il fleurte avec Monsieur Kabila. D’ailleurs, pour moi, ce n’est que de la supposition, mais pour lui, il a fait une alliance avec Monsieur Kabila. Il a fait une alliance avec un proche de Kabila, Monsieur Matata avec qui ils ont organisé la marche, il y a quelques semaines », a-t-il dit.
L’ancien Premier ministre a confirmé sa candidature à la présidentielle prévue en décembre 2023. Nouvel Elan, son parti, a-t-il dit, va aligner des candidats à tous les niveaux