Le secrétaire général adjoint de l’ONU en charge des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a eu des échanges mercredi 7 juin à Kinshasa avec les acteurs politiques de la majorité et de l’opposition au cours desquels ils ont discuté du processus électoral et des questions de sécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
La délégation (séparée) de l’opposition était composée d’une part, des candidats à la présidentielle Delly Sesanga et Matata Ponyo, et des représentants des candidats Moïse Katumbi et Martin Fayulu (Dieudonné Bolengetenge et Devos Kitoko), et d’autre part, des cadres du Front commun pour le Congo (FCC) de l’ancien chef de l’Etat Joseph Kabila, Raymond Tshibanda, Emmanuel Shadary, Azarias Ruberwa et Marie-Ange Mushobekwa.
Les opposants qui n’entendent pas cautionner la fraude électorale, ont insisté sur la requalification du processus électoral. Selon eux, il faut restructurer la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et recomposer la Cour constitutionnelle pour garantir des élections crédibles, transparentes, inclusives et apaisées.
« Il faut que la CENI soit restructurée pour refléter la diversité du champ politique congolais et se conformer à la loi. Il faut que la Cour constitutionnelle mais aussi les cours d’appels qui sont censés connaitre des contentieux électoraux puissent être structurés conformément à la loi pertinente », a déclaré Raymond Tshibanda.
L’opposition a aussi déploré la « restriction de l’espace politique et les arrestations arbitraires des ses membres ». Selon elle, cette « dérive dictatoriale » n’est pas de nature à favoriser des élections apaisées.
Pour sa part, Jean-Pierre Lacroix, a lancé un appel au calme, afin que les prochaines élections soient crédibles, pacifiques, transparentes et tenues dans les délais constitutionnels.
Fustigeant les tensions croissantes observées notamment à l’occasion de récentes manifestations de l’opposition, le secrétaire général adjoint de l’ONU a encouragé par ailleurs tous les acteurs politiques (majorité, opposition) et la société civile à privilégier la voie pacifique dans toutes leurs démarches.
« Il est essentiel que tous les acteurs politiques et aussi les acteurs de la société civile fassent tout pour apaiser les tensions. Bien sûr, il y a une responsabilité des autorités à cet égard, elle est évidente. Et j’ai mis l’accent, je le redis sur la menace que font peser les messages de haine, les messages d’antagonisme ethnique, les messages xénophobes, les messages sexistes parce que les femmes, notamment les femmes acteurs politiques, sont sous la menace aujourd’hui. C’est quelque chose que nous avons entendu avec beaucoup de préoccupation. Et nous allons continuer non seulement à nous lever contre ces messages mais faire tout ce qui est dans nos capacités pour contrer ces phénomènes qui sont extrêmement inquiétants », a-t-il dit devant la presse.
Le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU a échangé aussi avec la délégation de la majorité conduite par Augustin Kabuya et Fidèle Babala.