Plusieurs partis politiques de l’opposition et organisations de la société civile accusent le président Félix Tshisekedi et son gouvernement de « restaurer » la dictature en RDC. En sit-in mercredi devant le Palais de la justice à Kinshasa, le cadre de concertation des forces politiques et sociales a menacé de recourir à tous les moyens « légaux, démocratiques et pacifiques » pour faire respecter la Constitution et « sauver » la démocratie.
Calicots à la main, exigeant notamment la libération des opposants et activistes arrêtés « arbitrairement », des manifestants ont pris d’assaut ce matin les abords du bâtiment abritant le ministère de la Justice. Ils ont protesté contre l’option qui, selon eux, a été levée par l’administration Tshisekedi de museler toutes les voix dissidentes et d’étouffer tout élan démocratique en procédant aux « enlèvements, arrestations et détentions arbitraire » des citoyens qui s’opposent à sa gouvernance.
Dans le mémorandum adressé au gouvernement, l’opposition et la société civile ont fait remarquer que les citoyens, engagés dans la défense des droits et libertés fondamentaux ainsi que de l’intérêt général, sont arrêtés sans justification valable et pour la plupart détenus au secret, en violation des lois de la République et des engagements internationaux auxquels la RDC a souscrit.
« C’est le cas notamment de Monsieur Seth Kikuni, Jean-Marc Kabund, Mike Mukebayi, Daniel Safu ainsi que de Mwamisyo Ndugu King de la Lucha, arrêté à Goma, de Jack Sinzahera et Gloire Saasita de Véranda Mutsanga, détenus dans le cachot de la DEMIAP; de Alain Siwako, Jean-Paul Ngaghangondi et Fiston Isambiro », ont-elles écrit, soulignant que ces arrestations arbitraires sont en contradiction flagrante avec l’article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui interdit toute privation de liberté arbitraire et garantit le droit de toute personne arrêtée à être informée immédiatement des raisons de son arrestation et à être présentée devant un juge dans un délai raisonnable.
Rappelant que ces mesures « liberticides » qui criminalisent l’activité politique dissidente, sont « inacceptables », les acteurs politiques et sociaux ont affirmé qu’elles ne sont pas des événements nouveaux ni isolés, mais une part clé de la stratégie politique du président Tshisekedi et son gouvernement pour supprimer toute opinion politique contradictoire.
« Il n’y a aucune raison de réprimer le peuple, l’opposition politique et la société civile, il n’y a aucune raison de les persécuter autant. Cette escalade de répression et de persécution doit cesser », a tonné ce consortium, alertant instamment l’Union africaine, l’Union européenne, les Nations unies et toutes les chancelleries en poste en RDC que leur silence serait perçu comme une caution à la montée de la dictature de Félix Tshisekedi.
Le régime Tshisekedi dos au mur
Les griefs sont d’autant plus graves que le cadre de concertation des forces politiques et sociales a exigé des enquêtes « sérieuses et impartiales » sur les « assassinats » de Chérubin Okende et Gires Manzanza; le carnage à la prison de Makala ; le massacre de plus de 250 citoyens innocents de la secte Uzalendo à Goma; les tueries de Kilwa et Lwilu dans l’ex-Katanga.
« Nous vous mettons en demeure de fixer l’opinion publique sur les dénonciations relatives aux violences sexuelles et les tortures dans les lieux de détention, et exigeons une enquête sur les traitements inhumains et dégradants dont ont été victimes nos compatriotes Jacky Ndala, Fred Bauma, Joseph Ilunga Miba et Roger Lumbala dans les locaux de l’ANR et de la DEMIAP », ont ajouté les opposants et activistes.
Appelant instamment le gouvernement à prendre des mesures immédiates pour mettre un terme aux arrestations arbitraires, aux massacres et à la dégradation de l’État de droit, cette plateforme politico-sociale a exigé des sanctions contre toutes les personnes responsables des actes de répression directe ou indirecte des droits sacrés de l’opposition.
Ce mémorandum a été signé notamment les partis Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, UDA originelle de Claudel Lubaya, Piste de Seth Kikuni et les mouvements citoyens Lucha et Filimbi.