Contexte
En 2018, à la faveur d’un deal politique à la fois contre-nature que contre démocratique, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo succédait à Joseph Kabila à la tête de la République démocratique du Congo. Fils de l’intrépide et historique opposant, Etienne Tshisekedi wa Mulumba qu’il a succédé, à la présidence de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, en sigle UDPS, premier parti d’opposition de l’ère Mobutu Sese Seko, Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo hérite d’un pays aux défis multiples et complexes : un tissu social en lambeau, une administration politisée, sans moyen et inefficace, une armée et une police délaissées, le banditisme urbain communément appelé ‘’Kuluna’’ en plein expansion, la corruption et le détournement des déniers public etc. De tous ces maux, l’un est devenu la seconde identité de la RDC : l’insécurité dans la partie orientale du pays, particulièrement dans le Nord-Kivu où une centaine de groupes armés nationaux comme étrangers écument les forêts et routes, en ce compris des éléments bien identifiés des armées étrangères du Rwanda et de l’Ouganda. Conséquences : viols, tueries, massacres, pillages de ressources, déplacement massif des populations etc.
Lors de la campagne électorale et même à l’occasion de son discours d’investiture, Monsieur Tshisekedi avait annoncé de faire de la question du retour de la paix à l’Est la priorité de son mandat, en promettant d’établir le siège de l’Etat Major des armées et en tant que Commandant Suprême des Forces Armées, de s’installer personnellement dans cette partie du pays afin de mieux suivre la situation.
Depuis lors, en dehors d’une dizaine de jours que le Président de la République a passés à Goma en 2021, très loin du territoire de Beni, épicentre des tueries et massacres à répétition, les populations de l’Est attendent toujours la concrétisation de cette promesse qui n’est visiblement dans l’agenda du Garant de la nation.
Dans l’entretemps, en dépit de l’état de siège décrété le 6 mai 2021 dans les Provinces du Nord Kivu et de l’Ituri, la situation sur terrain reste précaire, l’insécurité continue à battre le plein et l’enlisement toujours en défaveur des populations. Alors que Mr Paul Kagame, Président du Rwanda voisin, est connu pour être le parrain du M23, principal groupe armé, et son armée et leurs supplétifs congolais, il est curieux de constater que, dès son accession à la tête du pays, Felix Tshisekedi a fait de ce dernier son ami et ne se gêne de l’appeler « mon frère » et on les a vu littéralement main dans la main riant aux grands éclats.
Il est incompréhensif qu’un père de famille considère comme « son frère » le tueur de ses enfants et le violeur de son épouse, sa tante et sa propre mère. Il y a traitrise.
Bien plus, en date du 29 mars 2022, le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, à l’occasion du sommet des Chefs d’États membres de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) a pris l’initiative d’acter l’adhésion de notre pays, la République Démocratique du Congo, à cette organisation sous-régionale qui comprend le Burundi, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie, le Soudan du Sud et l’Ouganda. Cette démarche que l’intéressé s’est précipité d’ avaliser le 8 avril 2022, en violation des articles 214 et 215 de la Constitution est à la fois inconstitutionnelle, suspecte et dangereuse pour notre pays.
Acteur politique depuis quelques deux décennies, Félix antoine Tshisekedi n’ignore pas les actes d’agression à répétition que le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi ont perpétrés, dans le passé, contre notre pays sous la nébuleuse AFDL en 1996 et que depuis lors, de manière permanente, par des groupes armés interposés tout comme à visage découvert, les troupes de ces trois États sèment terreur et désolation dans la partie Est du pays par des massacres, assassinats ciblés des notables, des jeunes activistes et d’acteurs de la société civile et des religieux.
N’est-ce pas révoltant, pendant que les actes de terrorisme de notoriété que commettent les troupes de ces pays et leurs supplétifs occasionnent continuellement des déplacements massifs de nos frères et sœurs qui errent encore dans la nature loin de leurs terres coutumières d’attache désormais occupées par les agresseurs, celui à qui incombe le devoir constitutionnel de les protéger ne trouve mieux que d’officialiser l’occupation de notre patrie par ceux-là qui ne cachent plus leur convoitise pour nos terres et nos richesses du sol et du sous-sol.
Comment peut-on expliquer, alors que Bunagana reste sous le total contrôle les troupes du M23 appuyées en hommes, armements et logistique par le Rwanda, notre armée reste passive et n’envisage visiblement aucune action pour reprendre cette localité frontalière, les troupes Kenyan de l’EAC gagnent le pays par Ichacha afin d’y créer une zone tampon ?
Tout laisse à croire que le président Tshisekedi qui n’avait pas hésité de rassurer la délégation des groupes armés Rwandais et Ougandais se faisant passer pour des Congolais en ces termes : ‘’ ne vous battez pas pour des lopins de terre. Bientôt c’est l’Estern African Community (EAC) qui sera notre pays à nous tous’’, il faut donc craindre que son plan de céder des espaces aux étrangers soit en marche.
Il devient de plus en plus clair que l’adhésion précipitée et inconstitutionnelle de la RDC à la Communauté des États d’Afrique de l’Est par la malice du président Tshisekedi, est une décision inconsidérée dont les conséquences seront encore plus fâcheuses pour les populations de l’Est et à l’intégrité de notre pays. Il s’agit donc d’un acte intentionnel de haute trahison au regard des articles 164 et 165 de la Constitution.
De ce qui précède, les deux chambres de notre Parlement doivent actionner les mécanismes prévus à l’article 167 de la Constitution afin que le Président Tshilombo, désormais traitre de la nation, soit présenté devant son juge naturel pour répondre de son acte indigne et irresponsable dont la finalité est de consacrer la balkanisation de notre pays.
Les yeux des congolaises et congolais épris d’amour patriotique pour leur pays sont désormais tournés vers les députés et sénateurs pour mettre en accusation le président Tshisekedi.
Fait à Kinshasa, le 10/10/2022
Sang Mpam Kabwey Hubert, avocat au barreau de Matete et cadre de Nouvel Elan