Les Congolais vivant en Afrique du Sud, en France, en Belgique, aux USA et au Canada vont, cette fois-ci, participer à l’élection présidentielle prévue en décembre 2023. Cependant, le choix porté sur ces pays par la centrale électorale est sévèrement critiqué par l’opposition.
Le parti Envol qui milite pour des scrutins apaisés, transparents et démocratiques, dénonce « l’opacité » qui entoure l’organisation de l’identification et de l’enrôlement des Congolais de l’étranger.
Selon la formation politique chère au député national Delly Sesanga, la CENI vient, à travers cette initiative, de s’offrir des marges de manœuvre pour organiser la fraude électorale sur le vote des étrangers
« Tout en saluant la volonté d’ouverture des scrutins pour les Congolais habitant à l’étranger pour l’élection présidentielle, l’Envol reprouve la décision unilatérale de la CENI, dans le choix des pays devant participer à ce scrutin. Envol désapprouve l’opacité qui entoure l’organisation de l’enrôlement de congolais de l’étranger, dont l’objectif est d’accorder à la CENI des marges de manoeuvre pour organiser la fraude électorale sur le vote des étrangers », a dénoncé le secrétaire général de ce parti.
La Commission électorale nationale indépendante a, quant à elle, estimé que le choix porté sur ces pays se justifie par le fait de la fluidité, l’accessibilité et la forte concentration des Congolais au lieu des pays limitrophes de la RDC où se pose le problème récurrent d’insécurité et conflit des frontières.
S’agissant du calendrier électoral, Envol a relevé qu’en lieu et place d’un calendrier cohérent d’un point de vue opérationnel, la CENI s’est fourvoyée à publier une simple feuille de route assortie des dates soumises à des multiples contraintes qui n’offre aucune garantie à la tenue des élections libres transparentes, dans le respect du délai constitutionnel.
« Par cet acte, la CENI a troqué sa casquette d’expertise tant vantée, contre les manipulations politiques qui voilent à peine le manque de volonté du pouvoir à organiser les élections dans les délais », dénonce-t-il.
A cet effet, l’Envol relève 5 écueils ci-après :
- La réduction fantaisiste à 100 jours, le délai d’enrôlement par aire électorale, contre 120 jours observés lors des précédents cycles électoraux, n’est fondée sur aucune amélioration significative de l’infrastructure logistique du pays. Cet écueil est d’autant plus prégnant que le soutien logistique jadis offert et mobilisé par la MONUSCO, dans le déploiement du matériel et son acheminement ne sont pas au rendez-vous. Envol relève que la CENI, n’a pas donné des détails sur les modalités pratiques et techniques qui devront permettre cette performance mondiale d’enregistrer les 50.000.000 électeurs attendus en 90 jours soit une moyenne par jour de 555 000 électeurs.
- Envol souligne que la CENI a omis jusqu’à présent de publier, les mesures d’application de la loi sur l’identification des électeurs en vertu desquelles les opérations d’enrôlement et d’inscription sur les listes électorales vont se faire. Dans cette opacité, la CENI a unilatéralement levé des options techniques non consensuelles et dangereuses telles que le recours aux smartphones pour le pré-remplissage électronique des fiches d’inscription sur les listes, sans que les modalités de contrôles et les garanties ne soient connues des parties prenantes. De même, la CENI entretient un flou sur les modalités de ségrégation dans le fichier des populations déplacées internes. Celles-ci se comptent en millions dans les zones de conflit dans l’Est du pays, dans la province du Nord-Kivu, Ituri, et dans une certaine mesure le haute-Uele.
- L’Envol fustige le manque de consensus et de concertation avec les parties prenantes quant aux modalités de recours de préenregistrement à distance des électeurs, ainsi que les modalités d’inscription sous les listes électorales des populations déplacées internes. Cette absence de transparence vise à cacher une manoeuvre visant à manipuler le fichier électoral et à organiser la fraude électorale des prochains scrutins.
- L’Envol déplore le manque de transparence financière entretenu par la CENI, qui revendique certes une autonomie financière, mais qui est incapable à ce jour de rendre public le budget qu’elle entrevoit pour l’organisation intégrale des opérations électorales. L’Envol exige de la CENI, comme ce fut les cas lors des cycles précédents, à rendre public le budget qu’elle prévoit pour les opérations électorales budget qui est devenu le secret le mieux gardé de la République.
- Envol note avec regret, que dans un contexte déjà complexe d’organisation des élections générales, la CENI comme ses prédécesseurs utilise le prétexte des élections locales; dont elle sait que les prérequis telle que la définition des circonscriptions électorales au niveau des chefferies, des secteurs, et des certaines villes n’ont pas été réglés, pour compliquer d’avantage la tenue effective des élections de 2023.
Au regard de ces éléments, le parti de Delly Sesanga dit tenir désormais le président de la CENI et sa composition pour responsable de tout dérapage du processus qui hypothèquerait le respect du délai constitutionnel.
Dans la foulée, il a invité l’ensemble de la classe politique, la société civile, à s’engager sur la voie de la recherche d’une élection libre, démocratique, et transparente, à sensibiliser la population dans le cadre de l’opération « Telemela fraude électorale » pour que, souligne Envol, « le peuple congolais ne se fasse pas, de nouveau, voler son droit sacré de se choisir ses dirigeants dans le respect de sa liberté et de son indépendance ».
Reagan Ndota