Avant la publication des résultats des élections de la présidentielle de 2018, portant Félix Tshisekedi à la magistrature suprême et consacrant la fin de l’ère Kabila , « un accord politique a été conclu », révèle l’ancien président de centrale électorale, Corneille Nangaa dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique.
Nangaa qui se lance dans la course à la prochaine présidentielle a appelé à ne pas jeter cet accord dans les poubelles de l’histoire, « parce qu’il a sauvé le pays d’un possible bain de sang ».
Cette déclaration a fait réagir le camp Fayulu, qui exige l’arrestation immédiate de l’ancien président de la CENI pour « fabrication des résultats des élections ».
Arrivé en deuxième position de l’élection présidentielle avec 35,2% des voix, derrière Félix Tshisekedi, crédité de 38,57%, Martin Fayulu a attaqué ce dernier, l’accusant d’avoir négocié avec le parti de Joseph Kabila. « Vous connaissez les résultats, les pourcentages sont connus. Où est-ce que Monsieur Félix Tshisekedi a ramassé 7 millions de voix ? C’est grave, c’est extrêmement grave », avait-il déclaré au lendemain de la proclamation des résultats.
Devant la presse ce vendredi, la centrale électorale de la Coalition Lamuka, organisation politique qui a porté la candidature de Fayulu, a exigé des poursuites judiciaires contre Corneille Nangaa.
« Pour nous, il est hors de question de laisser des personnes sans foi ni loi, solder notre pays qui fait déjà face à de nombreux défis, notamment sécuritaires; défis amplifiés par la CENI de Messieurs Naanga et Basengezi avec la fabrication des résultats lors des élections de 2018. Et l’aveu de M. Corneille Naanga repris dans l’interview qu’il a accordée au magasine Jeune Afrique vient de confirmer sa forfaiture. De ce fait, nous exigeons du procureur général près la cour de cassation, maître de l’action publique, de procéder à son arrestation immédiate », a indiqué la Commission électorale de Lamuka.
Les résultats de la présidentielle de 2018 avaient été remis en cause notamment par l’Eglise catholique et l’Union africaine. Selon eux, le vrai vainqueur n’a pas été proclamé. Depuis lors, Martin Fayulu se réclame « le président élu de la RDC », se référant notamment aux PV des observateurs internationaux.
« Nous ne pouvons pas accepter, au bout de ce long chemin de croix, que la volonté de notre peuple ne soit pas respectée. Tous ensemble, disons « non » au mensonge de M. Nangaa. Non au tripatouillage électoral, et non au hold-up électoral », avait-il déclaré en 2019.
Le discours de Fayulu a, toutefois, évolué. Au terme de la visite papale à Kinshasa, le leader de Nouvel Elan a dit avoir accordé son pardon à ceux qui ont « volé la victoire du peuple ».
Reagan Ndota