La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a condamné sans ambages les « tristes événements » survenus dans l’Archidiocèse de Lubumbashi à la suite d’une « présence insolite d’un escadron armé » à l’Archevêché et à la Cathédrale Saints Pierre et Paul de cette ville, le vendredi 24 février 2023.
Exprimant sa proximité affective et effective à Monseigneur Fulgence Muteba, traumatisé par cette situation, l’épiscopat a indiqué que « les politiques ne devraient pas avoir peur de l’Eglise catholique ».
Des hommes lourdement armés se réclamant de la Garde républicaine, une unité spéciale de l’armée congolaise chargée de la sécurité du président de la République et de sa famille, avaient envahi « de façon impromptue » l’Archevêché et l’église Cathédrale Saints Pierre et Paul de Lubumbashi.
Selon la CENCO, ces faits constituent une violation flagrante de l’Accord-cadre entre le Saint-Siège et la RDC sur des matières d’intérêt commun, signé le 16 mai 2020, notamment en son « article 6, §§ 2 et 3 qui stipule; §2 : Dans le cadre de sa législation, la République Démocratique du Congo assure l’inviolabilité des lieux de culte : églises, chapelles, oratoires, cimetières et leurs dépendances ; §3 : Ces lieux de culte ne peuvent être destinés à d’autres usages de façon permanente ou temporaire, que pour des motifs graves et avec l’accord explicite de l’Autorité diocésaine dont ils dépendent ».
Le silence des autorités publiques choque
Les prélats catholiques se disent « choqués » car, en dépit de différentes correspondances, les autorités compétentes en matière de sécurité n’ont pas réagi pour diligenter une enquête et fournir des explications à la population congolaise, « qui a été et reste encore profondément scandalisée et traumatisée par la présence inattendue d’un escadron armé à l’Archevêché de Lubumbashi ».
« De ce fait gravissime, aucune explication plausible, à même de rassurer la population, n’a été donnée par les pouvoirs et les institutions publics censés être les garants de la sécurité des personnes et de leurs biens », dénonce la CENCO.
Pour l’Eglise catholique, il est fort déplorable que ces « faits incongrus » surviennent à peine quelques 3 semaines après la visite apostolique du Pape François en RDC.
« La CENCO saisit la présente occasion pour nous exhorter, une fois de plus, les uns et les autres, à intégrer dans tous les secteurs de notre vie les enseignements, riches et pertinents, donnés par le Pape François lors de sa visite dans notre pays. Aussi, en appelle-t-elle à une enquête sérieuse pour élucider la situation et infliger des sanctions subséquentes aux commanditaires », a indiqué Monseigneur Marcel Utembi, président de la CENCO.
L’Eglise catholique n’entend pas reculer
« Les insultes, les intimidations, les menaces ou toute forme de musèlement, dirigées contre elle et ses pasteurs, sont contre-productives pour leurs auteurs », prévient la CENCO qui, se référant aux enseignants de Matthieu 11, 15 souligne « que celui qui a des oreilles pour entendre entende ».
Par ailleurs, les évêques rassurent l’opinion nationale et internationale que leurs interventions, déclarations ou les messages ne sont nullement motivés par une course concurrentielle vers un quelconque pouvoir étatique.
« En vertu de la mission prophétique leur confiée par Jésus-Christ, les Évêques proclament les droits des personnes (cf. Gaudium et Spes, n. 41) et il est juste qu’ils puissent partout et toujours prêcher la foi avec une authentique liberté, enseigner la doctrine sociale de l’Église, accomplir sans entraves leur mission parmi les êtres humains, porter un jugement moral, même en des matières qui touchent le domaine politique, quand les droits fondamentaux de l’homme ou le salut des âmes l’exigent (cf. Gaudium et Spes, n. 76) », rappelle la CENCO.