Le mandat de la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (FREAC) expire le 8 décembre 2023. Pour le gouvernement congolais, « c’est sans équivoque » que cette coalition des armées est-africaines déployée depuis novembre 2022 dans l’Est du pays « n’a pas accompli sa mission ». Par conséquent, son retrait est irréversible, tranche le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula.
Contrairement au secrétaire général de l’EAC qui a estimé que leurs contingents ont contribué significativement à la stabilisation de la partie orientale de la RDC, le chef de la diplomatie congolaise affirme, sans détour, que la FREAC a échoué, car n’ayant pas rempli son « mandat offensif » tel que défini dans l’accord sur le statut des forces (SOFA).
« On ne peut nier le fait que l’EAC n’a pas accompli sa mission, et c’est plus grave par rapport à la Monusco. Tous les accords, tous les écrits qui existent à la date d’aujourd’hui concernant l’EAC contiennent, expriment expressis verbis le caractère offensif du mandat, et l’instrument juridique le plus important qui nous lie tous, c’est l’accord portant statut de l’EAC (SOFA). Lisez l’article 3 , là c’est sans équivoque. Ce qu’il y a eu et ce qu’il y a, c’est que ce mandat n’est pas rempli. Non seulement il n’attaque pas, mais aussi l’EAC ne s’occupe pas des autres forces », a déclaré Christophe Lutundula au cours d’un briefing presse animé conjointement avec le porte-parole du gouvernement lundi soir.
Kinshasa fustige la passivité de cette force alors que le dernier sommet des chefs d’Etat de l’EAC lui avait ordonnée de contraindre le M23 au pré-cantonnement « par la force » au cas où il ne se desarmait pas au plus tard le 24 septembre.
Dans ce contexte, le chef de la diplomatie congolaise souligne que le retrait la FREAC est déjà scellé.
« Au prochain sommet des chefs d’Etat, la question sera abordée et parce que nous, la RDC, avons réussi à faire modifier l’article 26.B du statut du SOFA, et nous avons obtenu qu’à la demande de la RDC, le sommet des chefs d’Etat peut, soit modifier, soit proroger, soit mettre fin au mandat et lorsqu’on met fin au mandat, il faut déterminer les modalités de retrait. C’est ce qui va se faire parce qu’on a donné à l’EAC le temps de montrer que sa force est venue pour soutenir les efforts internes », a-t-il dit.
La crise sécuritaire dans l’Est de la RDC était au centre du briefing du Conseil de sécurité de l’ONU, il y a une semaine. Au cours de cette réunion, les A3, trois pays africains membres non permanents du Conseil de sécurité (Ghana, Gabon et Mozambique) avaient exigé la fin de toute nouvelle avancée du M23, appelant à son retrait inconditionnel et immédiat de tous les territoires occupés ainsi qu’à son cantonnement, comme convenu par le processus de Luanda.
Le délégué des A3 avait dit attendre avec impatience la convocation de la prochaine phase du dialogue intercongolais (Conférence de Nairobi IV), qui sera une opportunité pour les groupes armés de s’engager à nouveau à faire taire les armes en RDC et d’adhérer au processus de paix en cours.