Le leader du parti Ensemble pour la République, Moïse Katumbi a exigé lundi la libération de son collègue de l’opposition Seth Kikuni arrêté en début d’après-midi à Kinshasa, capitale de la RDC, par les agents de l’Agence nationale des renseignements (ANR) pour des raisons non encore connues.
Cette arrestation est intervenue quelques minutes après qu’il a dénoncé des « massacres de trop » à la prison centrale de Makala, où, selon le gouvernement, des prisonniers tentaient de s’évader dans la nuit de dimanche à lundi.
Pour Moïse Katumbi, il s’agit d’un « acte intolérable » qui entraîne le pays dans une « pente dangereuse ». Ainsi, a-t-il exigé la libération de celui qui avait soutenu sa candidature à la présidentielle de 2023.
« Je condamne avec la plus grande fermeté l’arrestation de notre camarade Seth Kikuni dont le seul crime est d’avoir usé de sa liberté d’expression. Ce genre d’acte intolérable ne fait qu’entretenir les divisions entre Congolais et entraîne la RDC sur une pente dangereuse. Seth doit être libéré », a-t-il écrit sur son compte X.
Dans une déclaration, Piste pour l’émergence, parti politique de Seth Kikuni, a condamné ce qu’il qualifie « d’enlèvement » de son président et de deux de ses collaborateurs trouvés avec lui en séance de travail.
Selon le cadre de concertation des forces politiques et sociales, des agents de l’ANR munis d’un ordre de mission ont fait irruption au bureau de l’opposant, le sommant de les suivre sous prétexte d’un prétendu entretien avec l’administrateur général de ce service.
« Après un échange tendu, ils n’ont pas hésité à employer la force, le brutalisant avant de l’embarquer pour le conduire à la permanence du département de la sécurité intérieure, situé en face de la Primature, dans la commune de la Gombe. Depuis plus d’une heure, Monsieur Seth Kikuni y est détenu arbitrairement, dans ce qui s’apparente à une véritable séquestration », a déclaré cette organisation qui dénonce avec la plus grande vigueur « cette énième tentative d’intimidation » orchestrée par un pouvoir « défaillant, qui n’hésite plus à piétiner les droits et libertés fondamentales ».
Exigeant sa libération immédiate et sans condition, le cadre de concertation a mis en garde contre toute autre action répressive visant les acteurs de l’opposition, les activistes de la société civile et les journalistes.
« Il est désormais clair que le régime en place, par ses nombreuses restrictions, persécutions et représailles, tente de briser le dernier bastion de résistance démocratique. Les forces politiques et sociales restent résolument engagées pour mener en toute légalité, le combat pour la liberté, la justice, et la dignité du peuple congolais », a souligné cette structure, faisant remarquer à l’administration Tshisekedi que, ce n’est pas en muselant les voix dissidentes qu’elle parviendra à éteindre la flamme de l’espoir et du changement.
Quelques minutes avant son arrestation, Seth Kikuni a rejeté la thèse de la tentative d’évasion à la prison centrale de Makala avancée par le gouvernement, qui a minimisé les pertes en vies humaines lors de l’intervention des forces de l’ordre, alors que plusieurs témoins et les ONG parlent d’une centaine de personnes tuées. « Des massacres de trop qui ressemblent beaucoup plus à une série d’exécution des citoyens devant bénéficier d’une protection spéciale de l’Etat. Wazalendo à Goma, Kilwa, Lwilu, et maintenant Makala. Inacceptable », a-t-il dénoncé.