Le député national, Jean-Marc Kabund est pris en étau entre les pouvoirs judiciaire et législatif. Après le dossier disciplinaire ouvert contre lui à l’Assemblée nationale, le procureur général près la Cour de cassation veut le poursuivre pour, notamment « offenses au chef de l’Etat ».
Victor Mumba a saisi la Chambre basse du Parlement pour obtenir l’autorisation de l’instruction à charge de l’ancien président intermédiaire du parti présidentiel devenu opposant. Dans son réquisitoire, le procureur général a indiqué que le député Kabund a, lors de son point de presse, tenu » des propos injurieux et de nature à porter atteinte à l’honneur dû aux institutions publiques et à la dignité du chef de l’Etat avec l’intention de l’offenser ».
Il s’agit notamment selon Victor Mumba, « de l’absence d’une vision claire et d’un leadership convaincant dans le chef du président Félix Tshisekedi, l’incompétence notoire et la megestion institutionnalisée caractérisée par l’insouciance, l’irresponsabilité, la jouissance et la prédation au sommet de l’Etat. Les caisses de l’Etat saignent jour et nuit. L’appareil de l’Etat est devenu de plus en plus un club d’amis où les apprentis sorciers de tout bord exercent leur premier stage au sommet de l’Etat. Félix Tshisekedi est un danger public au sommet de l’Etat… ».
« Vu la gravité des faits et la sévérité des peines prévues par les dispositions légales, il est important que le député susmentionné puisse donner sa version des faits. Par ces motifs, qu’il plaise au bureau de l’Assemblée nationale d’autoriser l’instruction à charge de l’honorable Jean-Marc Kabund pour les infractions précitées et lui permettre ainsi de présenter ses moyens de défense », a conclu le procureur général près la Cour de cassation.
Les députés nationaux, en vacances parlementaires, le bureau de cette institution pourrait se réunir pour décider de la levée des immunités de Kabund. Selon les sources parlementaires, l’ancien président intermédiaire de l’UDPS sera livré à la justice. D’ailleurs, dans son communiqué annonçant l’ouverture du dossier disciplinaire, le bureau Mboso invitait la justice à se saisir de cette affaire.
D’aucuns pensent que le dossier Kabund discrédite davantage le régime Tshisekedi, pourtant chantre de la liberté d’expression et de l’Etat de droit. Surtout, précisent-ils, lorsqu’on sait que l’UDPS, dans l’opposition, a excellé dans des injures et imputations dommageables.
Aussi, ajoutent-ils, « les propos tenus par Kabund ne sont pas différents de ceux de Martin Fayulu et Franck Diongo. Pourquoi s’acharner contre le président de l’Alliance pour la République alors que les autres se la coulent douce ? ».
« Les agitations du régime contre le député national Kabund le discréditeront davantage. De telles erreurs feront croire à beaucoup que monsieur Kabund a raison alors qu’il a tort. Nous savons tous qu’il est bénéficiaire et complice des maux qu’il denonce », a indiqué le président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho), Jean-Claude Katende.
Le constitutionnaliste Laurent Onyemba, estime pour sa part que, le réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation « souffre de 7 questions de droit! Il y a lieu de lire la constitution, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, la loi portant organisation et fonctionnement de la procédure devant la cour de cassation, le code de procédure pénale et le droit parlementaire comparé ».
Reagan Ndota