Membre de la société civile et professeur de sciences politiques à l’Université de Kisangani, Alphonse Maindo s’oppose à la décision prise par le gouvernement congolais d’accélérer le retrait de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco), à la suite des affrontements entre les casques bleus et les manifestants dans l’Est du pays.
Cette décision, dénonce-t-il, repose sur des motivations politiques. Selon lui, le régime Tshisekedi veut écarter tous les témoins gênants, notamment la Monusco, afin d’organiser un cahos électoral en 2023.
« Je sais que c’est pour des raisons tout à fait politiques, le régime en place voudrait ne plus avoir de témoin gênant, comme l’est la Monusco, pour pouvoir organiser un chaos pour les élections, pour tricher massivement, sans qu’il y ait quelqu’un pour témoigner de ce qui se passera », a-t-il fustigé appellant à la mobilisation générale des Congolais pour qu’il n’y ait pas « de vide, pour éviter que le départ de la Monusco puisse se faire dans le désordre, dans la précipitation ».
« L’accélération du retrait de la Monusco est une grosse erreur stratégique »
Souvent victime de menaces de mort pour son engagement citoyen, Alphonse Maindo pense que la décision du gouvernement congolais est une « grosse erreur stratégique ». Il fait remarquer que la RDC « n’a pas des forces armées en capacité de faire face aux menaces que nous avons là (M23, Rwanda et autres groupes armés) ». A en croire Maindo, le départ des casques bleus va favoriser « des troubles encore plus graves »
Il a rappelé que « nous avons déjà connu une situation similaire dans la région au Rwanda en 1994 lorsque la Minuar (Mission des Nations unies au Rwanda) avait été contrainte de partir dans la précipitation et l’on connait la suite, l’horreur absolue, le génocide rwandais ».
Denis Mukwege, candidat-président idéal
Les élections de 2023 approchent à grand pas. Maindo qui milite pour l’établissement du Tribunal pénal international pour la RDC afin de juger tous les auteurs des crimes graves commis sur le territoire congolais, a jeté son dévolu sur le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, qui selon lui, est la personne capable d’instaurer une nouvelle gouvernance et faire jouer à la RDC le rôle de locomotive en Afrique centrale.
« …Je pense qu’il faut qu’on puisse avoir quelqu’un qui croit en ce combat, et cet homme, c’est le prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege, qui est pressenti pour être candidat aux élections de 2023, nous pensons qu’il faut que cet homme-là puisse prendre les devants avec des réformes profondes de notre gouvernance, de notre système de sécurité pour que le pays joue ce rôle majeur qu’il doit jouer en Afrique centrale, être la locomotive qui permettrait le développement du continent », a-t-il dit.
Professeur de science politique à l’Université de Kisangani, Alphonse Maindo collabore avec plusieurs universités. Il est également chercheur associé au centre d’étude des mondes africains (CEMAF) CNRS/Université de Paris 1. Il enseigne également dans différentes universités congolaises et à l’Université catholique d’Afrique centrale de Yaoundé. Ses travaux portent sur les conflits armés, la guerre, la reconstruction de l’Etat, la reconstruction postconflit, les milices, la réforme du secteur de sécurité et les élections.
Reagan Ndota