Pays potentiellement riche à cause notamment d’innombrables mines, la République démocratique du Congo (RDC), indépendante depuis 1960, patauge encore. Malgré les 80 millions d’hectares de terres arables, l’écrasante majorité de la population croupit dans la pauvreté.
L’économie de cette grande nation au cœur de l’Afrique dépend des caprices des prédateurs miniers agissant en complicité avec une minorité de politiciens à la recherche d’enrichissement rapide. Il est temps de mener des réformes idoines.
Le Premier ministre honoraire, Adolphe Muzito, est convaincu que le développement viendra de la base. Lors de son séjour dans la province du Kwango, l’ancien chef de l’exécutif congolais a échangé avec les populations du territoire de Kasongo-Lunda autour du thème : « le développement de la RDC à partir des provinces ».
A cette occasion, le leader de Nouvel Elan, potentiel candidat à la présidentielle de 2023, a soulevé la nécessité d’octroyer des titres et droits fonciers aux communautés locales, afin qu’elles participent activement à la formation économique du pays.
« La titrisation signifie que si vous avez un, cinq ou dix hectares de terres qu’on puisse vous donner un titre comme concessionnaire perpétuel pour les personnes physiques ou comme concessionnaire ordinaire pour exploiter pendant une période de 25 ans renouvelable », a-t-il expliqué.
Pour Muzito, tous ceux qui ont acquis des terres avant l’avènement de l’Etat colonial et post-colonial doivent obtenir des titres pour sécuriser leurs biens et devenir « actionnaires » lors de l’instauration du capitalisme (système économique caractérisé par la propriété privée des moyens de production et la liberté de concurrence).
« Je veux que même si demain, je viens pour acquérir une portion des terres en tant que Mulunda, que je puisse aller voir notre chef des terres, pour acheter même si cette terre appartient à la famille. Après, le chef des terres va partager l’argent avec les autres autorités jusqu’à Kasongo-Lunda. L’argent va circuler au sein de la famille, avec la participation des investisseurs étrangers, on peut faire une sorte de métissage économique. C’est pourquoi je dis tout ce que nous avons hérité des ancêtres et des dieux, c’est le sol et le sous-sol. Les autres sur base du sol et du sous-sol, ont créé le capitalisme, ils ont fait des industries. Puisque nous n’avons pas encore atteint ce niveau, ce que nous pouvons apporter dans la formation de l’économie, c’est la terre. Mais si nous n’avons pas les titres et droits fonciers, nous serons balayés du capitalisme, nous serons des vassaux de demain. Ils deviendront des propriétaires terriens et nous nous serons leurs travailleurs. C’est pourquoi je parle de la titrisation », a indiqué Adolphe Muzito.
L’ancien Premier ministre a par ailleurs fait remarquer que « pour que ces terres puissent avoir de la valeur et que les gens viennent construire, il faut qu’il y ait des routes…Nous insistons sur la titrisation des terres qui doivent être viabilisées grâce aux routes et à l’électricité », a-t-il martelé.
La titrisation des terres au profit des communautés locales fait partie du volet foncier, forestier et minier de l’offre politique de Nouvel Elan, qui sera soumise au peuple congolais en 2023.
Reagan Ndota