La cheffe de la Monusco, Bintou Keita a participé jeudi à Genève au dialogue renforcé sur la situation des droits de l’homme en République démocratique du Congo. Elle a affirmé que la situation des droits de l’homme et de la sécurité s’est détériorée depuis son intervention le 4 octobre passé.
La représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en RDC a, par ailleurs, félicité les autorités congolaises pour les progrès réalisés dans le domaine de la justice transitionnelle, tout en faisant part de sa préoccupation devant les indicateurs de développement humain.
Le délégué de la RDC a indiqué qu’après le lancement de consultations populaires dans neuf provinces, le gouvernement a entrepris, avec l’appui du Bureau conjoint des Nations unies, de la Monusco et de l’Équipe d’experts internationaux, la rédaction de la politique nationale de justice transitionnelle, un document qui met en exergue la vision du gouvernement en cette matière et sera, comme l’a annoncé le président Félix Tshisekedi à l’occasion du débat de haut niveau de la cinquante-deuxième session du Conseil des droits de l’Homme, examiné par les parlementaires lors de la présente session de mars 2023.
En ce qui concerne la lutte contre l’impunité, le gouvernement s’active sur deux volets, dont l’un relatif à la production normative devant encadrer le processus de justice transitionnelle, l’autre relatif à l’institution des juridictions spécialisées afin d’y déférer les auteurs des graves violations des droits de l’homme, a-t-il précisé.
Face à cette situation, Bintou Keita a insisté sur la nécessité d’améliorer les conditions de vie de la population, même celle qui n’est pas directement touchée par le conflit.
« Les aspects de stabilisation et de consolidation de la paix du mandat de la Monusco englobent les droits économiques, sociaux et culturels, y compris, entre autres, les droits à la santé, à l’eau potable, à l’alimentation, à l’éducation, au travail, au logement et à un niveau de vie adéquat », a-t-elle rappelé.
En outre, elle a salué la contribution actuelle du Haut-commissariat aux droits de l’homme au processus de transition, en particulier le rôle essentiel qu’il joue dans la préservation des acquis en matière de paix et de sécurité. Sur ce point, Keita a instamment prié les États membres de renforcer leur soutien aux efforts du Haut-commissariat sur le terrain, notamment en matière de surveillance, d’alerte rapide et de lutte contre l’impunité.
« En effet, le retrait de la Monusco, même s’il a été minutieusement planifié, laissera des lacunes qu’il faudra combler en matière de soutien logistique et de sécurité pour le Haut-commissariat », a-t-elle souligné.
Par ailleurs, elle a relevé que le processus électoral en République démocratique du Congo continue d’être contesté. Les opérations d’enrôlement des électeurs ont connu des retards du fait de problèmes logistiques et techniques, a-t-elle observé, ajoutant prendre note que des milliers de Congolais n’ont pu être enrôlés en raison de l’insécurité.
Elle a également noté avec inquiétude « la montée, dans le discours politique, des messages à relents xénophobes et racistes qui constituent un danger pour la cohésion nationale, la paix et la sécurité ».
Dans ce contexte électoral, a souligné Keita, la Monusco, avec le soutien du Haut-commissariat, élabore des mécanismes d’alerte rapide et de réponse à la violence électorale dans le cadre du soutien de la Mission à la tenue des élections prévues par la Commission électorale nationale indépendante le 20 décembre 2023.