Le sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires a été lancé lundi 24 juillet 2023 à Rome, en Italie. Dans son allocution, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a plaidé pour un investissement massif dans des systèmes alimentaires durables, équitables, sains et résilients.
Le patron de l’ONU a dressé un tableau désastreux. Selon lui, les systèmes alimentaires mondiaux sont en panne et des milliards de personnes en paient le prix. Il a regretté que plus de 780 millions de personnes souffrent de la faim tandis que près d’un tiers de toute la nourriture produite est perdue ou gaspillée.
« Plus de trois milliards n’ont pas les moyens d’avoir une alimentation saine. Deux milliards sont en surpoids ou obèses. 462 millions souffrent d’insuffisance pondérale », a déploré Antonio Guterres, faisant remarquer que sans accès au financement et à l’allégement de la dette, les pays en développement ont du mal à investir dans des systèmes alimentaires qui peuvent apporter à tous la nutrition dont ils ont besoin pour mener une vie saine.
Face à cette situation, il a laissé entendre que le monde a besoin d’une action urgente dans trois domaines clés.
Premièrement, dit-il, « un investissement massif dans des systèmes alimentaires durables, équitables, sains et résilients ». Selon lui, il n’est pas surprenant que la faim chronique augmente dans les régions où les systèmes alimentaires sont les plus faibles et les plus sous-financés, l’Asie occidentale, les Caraïbes et dans toutes les régions d’Afrique.
Le rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition publié il y a deux semaines a également révélé qu’une personne sur cinq en Afrique souffre de la faim, soit plus du double de la moyenne mondiale.
« Affamer les systèmes alimentaires d’investissement signifie, littéralement, affamer les gens », a-t-il dit, exhortant les gouvernements à répondre à notre appel en faveur d’une relance des ODD afin d’augmenter le financement à long terme abordable pour tous les pays dans le besoin, d’au moins 500 milliards de dollars par an.
« Cela aidera les pays à faire des progrès significatifs vers l’objectif de développement durable 2 pour atteindre l’objectif Faim zéro et à mettre en place des systèmes qui peuvent garantir que les gens ont accès à des aliments abordables et nutritifs où qu’ils vivent. Nous avons également besoin de plus d’investissements dans l’adaptation et la résilience des systèmes alimentaires, de santé, d’eau, d’assainissement et d’agriculture capables de résister aux chocs, ainsi que des systèmes d’alerte précoce. Et j’appelle les gouvernements à soutenir la Facilité d’importation de denrées alimentaires proposée par le Groupe de réponse à la crise mondiale sur l’alimentation, l’énergie et les finances afin d’élargir l’accessibilité alimentaire pour au moins 50 pays confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, et un mécanisme de stockage de denrées alimentaires pour les pays les moins avancés », a-t-il déclaré.
Deuxièmement, estime Antonio Guterres, les gouvernements et les entreprises doivent travailler ensemble pour construire des systèmes qui font passer les gens avant le profit.
Ainsi, a-t-il appelé les gouvernements et les industries de l’alimentation, de l’agriculture, du transport et de la vente au détail à explorer de nouvelles façons de réduire les coûts et d’augmenter la disponibilité géographique d’aliments frais et sains pour tous.
« Cela signifie également maintenir les marchés alimentaires ouverts et supprimer les barrières commerciales et les restrictions à l’exportation. Et cela signifie tirer parti de la science et de la technologie pour améliorer l’efficacité et la portée des systèmes alimentaires. Nous devons également renforcer le soutien aux femmes et aux hommes du monde entier qui donnent vie aux systèmes alimentaires – des agriculteurs et des travailleurs de l’alimentation à ceux qui transportent la nourriture vers les marchés. La Banque mondiale estime que les systèmes alimentaires représentent environ 10 % de l’économie mondiale. Nous devons continuer à trouver des moyens de soutenir les personnes qui sont à l’origine de cette prospérité », a-t-il expliqué.
Et troisièmement, Antonio Guterres a soulevé l’urgence d’avoir des systèmes alimentaires qui contribuent à mettre fin à la guerre insensée livrée à la planète car, souligne le patron de l’ONU, il est essentiel de transformer les systèmes alimentaires pour réduire les émissions de carbone et limiter le réchauffement global à 1,5°.
Pour ce faire, il a appelé à mettre en place de nouveaux systèmes durables qui permettent de réduire l’empreinte carbone des activités de transformation, d’emballage et de transport des aliments.
« Il faut exploiter au mieux les nouvelles technologies pour réduire l’utilisation non durable des terres, de l’eau et d’autres ressources dans les secteurs de la production alimentaire et de l’agriculture. Il faut exiger des États et des entreprises qu’ils prennent des mesures plus fortes et plus rapides pour lutter contre la crise climatique et répondre aux attentes en matière de justice environnementale et climatique. Il faut enfin que tous les pays s’engagent à atteindre zéro émission nette, d’ici à 2040 pour les pays développés, et d’ici à 2050 pour les économies émergentes », a-t-il proposé.
Antonio Guterres a donc encouragé les dirigeants mondiaux à transformer les systèmes alimentaires pour l’avenir et veiller à ce que chaque personne, dans chaque communauté et chaque pays, ait accès aux aliments sains et nutritifs dont elle a besoin et qu’elle mérite.
Ouvert lundi, le sommet sur les systèmes alimentaires a s’achever mercredi 26 juillet. Il est organisé par l’Italie en collaboration avec les agences des Nations unies basées à Rome (FAO, FIDA, PAM), le Centre de coordination des systèmes alimentaires de l’ONU et l’ensemble du système de l’ONU.