Le Conseil de sécurité s’est penché mardi sur le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union européenne (UE). Dans son intervention, le représentant permanent adjoint de la Russie, Dmitri Polyanskiy, a affirmé que son pays considère désormais l’UE comme « un bloc expansionniste agressif » qui se soumet aux buts et objectifs des États-Unis et de l’OTAN et place les intérêts politiques avant les intérêts économiques.
Le diplomate russe a fait remarquer que le projet européen conçu comme une union économique intégratrice pour aider à panser les blessures laissées par la seconde guerre mondiale et à réconcilier les peuples d’Europe, a changé complètement aujourd’hui sa nature.
Les dirigeants des mécanismes paneuropéens, qui assuraient auparavant des tâches techniques, se précipitent désormais dans la politique mondiale et tentent d’imposer leur volonté aux États membres, a dénoncé Dmitri Polyanskiy, qui regrette le fait que l’UE se démarque, selon lui, des rangs des organisations régionales avec lesquelles l’ONU développe des relations au titre du Chapitre VIII de la Charte.
« Nous considérons désormais l’UE comme un bloc expansionniste agressif qui se soumet aux buts et objectifs des États-Unis et de l’OTAN et place les intérêts politiques avant les intérêts économiques… À notre grand regret, l’UE d’aujourd’hui a hérité des pires traditions coloniales et, même après s’être séparée du Royaume-Uni, elle promeut farouchement des approches néocoloniales, faisant tout pour protéger le bien-être du proverbial « milliard d’or », quoi que cela signifie pour le reste du monde. M. Borrell, présent dans cette salle aujourd’hui, a exprimé très clairement cette vision de l’Union européenne avec sa métaphore immortelle selon laquelle l’UE est un magnifique jardin fleuri où les mauvaises herbes d’autres pays veulent accéder. Il est difficile d’ignorer l’analogie avec le concept américain de « ville brillante sur une colline », autour duquel se construit l’exceptionnalisme américain notoire. Peut-être pourrions-nous regarder cela avec distance, en riant parfois de l’emphase et de la myopie de nos voisins européens, si leur projet d’intégration n’était pas devenu de plus en plus anti-russe et même russophobe d’année en année. Et cette tendance est apparue bien avant notre opération militaire spéciale en Ukraine, ou même avant le coup d’État anticonstitutionnel de Kiev en 2014, organisé avec la participation directe des pays européens. Le point de départ a été l’élargissement de l’UE en 2004, lorsque dix nouveaux arrivants d’Europe de l’Est ont rejoint l’Union, dont beaucoup n’étaient objectivement pas préparés à l’adhésion. C’est alors que l’UE a cessé d’être une union purement économique et a pour la première fois placé la politique avant l’économie, ce qui a été une erreur énorme et fatale », a-t-il déclaré.
Après avoir adhéré à l’UE, a-t-il condamné, les nouveaux arrivants russophobes ont empoisonné l’Europe entière de leur venin et ont usurpé la politique de l’UE à l’égard de la Russie, la transformant en rivalité et en jeu à somme nulle plutôt qu’en coopération.
Dmitri Polyanskiy a estimé l’Union européenne commet une énorme erreur stratégique en construisant soigneusement une image ennemie de la Russie pour plaire à « ses russophobes bornés mais très bruyants », et ceci, malgré le fait que la Russie « n’a commis aucune action agressive contre l’Union européenne et n’a développé ni mis en œuvre aucun projet anti-européen ».
Cependant, a-t-il regretté, Bruxelles s’obstine à promouvoir des formules de sécurité contre la Russie plutôt qu’avec la Russie. À cet égard, il a rappelé que les tentatives visant à forger un bloc anti-russe uni n’ont jamais abouti à de bons résultats pour l’Europe.
Moscou se dit convaincu qu’il y a encore des gens au sein de l’Union européenne qui se souviennent de ces leçons de l’histoire et qui sauront regarder la situation actuelle dans un contexte plus large et prendre les mesures nécessaires pour ramener les relations sur une voie constructive et pragmatique.