Alors que la présidentielle et les législatives profilent à l’horizon, Adolphe Muzito et Martin Fayulu, deux membres du présidium de la coalition Lamuka, n’ont pas encore arrondi les angles.
Les divergences entre les leaders de Nouvel Elan et de l’Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECiDé) se situent au niveau des alliances politiques (électorales) au sein ou en dehors de Lamuka et de la candidature commune à la présidentielle.
Selon l’ancien Premier ministre Muzito, qui est resté fidèle aux idéaux de cette plateforme créée en novembre 2018 à Genève en Suisse, le camp Fayulu ayant déjà accepté de coaliser avec le Front commun pour le Congo (FCC), famille politique de l’ancien chef de l’Etat, Joseph Kabila, ne veut pas que la population sache que désormais, chaque parti membre de Lamuka a le droit de faire des alliances avec des partenaires « extérieures » de son choix.
Cette situation a été même à la base du retard pris pour la passation des pouvoirs entre les deux personnalités dans le cadre de la présidence tournante de Lamuka. « Le peuple doit savoir que c’est normal qu’en dehors de Lamuka, chaque parti puisse organiser ses activités, marches et faire des alliances. Ils n’ont pas voulu qu’on puisse mettre ces choses dans le communiqué final…J’ai dit jamais : vous ne pouvez pas vous moquer de moi. C’est ce qui divise », a expliqué Muzito au cours d’une conférence-débat organisée mardi 11 octobre 2022 par son parti dans le cadre de son séjour dans la province du Kwango.
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L’imposition de Fayulu comme candidat unique à la présidentielle dérange
Désigné candidat commun de l’opposition à la présidentielle de 2018, Martin Fayulu veut rééditer l’acte. Le président de l’ECiDé n’entend nullement se ranger derrière un autre candidat. Cette imposition de Fayulu comme candidat « naturel » de Lamuka dérange Nouvel Elan qui, ouvert aux négociations, veut que cette fois-ci, la désignation du candidat président se fasse sur base de l’offre politique.
« Au mois de juillet, il (Fayulu) est allé à Kisangani. Il a organisé le congrès de son parti. Ils ont pris deux résolutions: il a été investi candidat président de la République sans que je le sache. Mais moi, je l’avais trouvé normal parce qu’il peut être candidat président de la République comme moi également, et à la fin, on choisit un seul candidat. Mais ses collaborateurs ont dit que tout celui qui est en alliance avec l’ECiDé doit se ranger derrière Martin Fayulu. Je ne l’avais pas bien accueilli. Dans la deuxième résolution, ils ont dit qu’ils feront des alliances avec celui qui va accepter de s’aligner derrière eux et sur base de leur vision, sans faire allusion à nous. En coulisse, ils disent que si nous aussi on le fait, ce que nous sommes des traîtres…il faut toujours être derrière Fayulu », fustige Muzito.
Pour le leader de Nouvel Elan, il faut qu’il y ait des discussions à l’issue desquelles, le choix va être opéré. « Moi aussi, j’ai une base. Si je veux que cette base me donne des voix, je dois quand-même sortir la tête, même si (après négociation) je peux lui laisser la place ou l’inverse ! Je ne peux pas aller aux élections comme monsieur tout le monde, comment serai-je respecté par le peuple pour me donner des députés ?… C’est pourquoi on avait des difficultés pour organiser des marches », a-t-il ajouté.
Bloc patriotique, un autre point de divergence
Martin Fayulu a mis en place le Bloc patriotique, un regroupement de plusieurs partis politiques et organisations de la société civile, sans consulter son partenaire au sein de Lamuka, Adolphe Muzito. Dans cette structure, l’ancien candidat à la présidentielle de 2018 a intégré même ceux qu’il a accusé d’avoir orchestré le hold-up électoral en faveur de son challenger Félix Tshisekedi.
Depuis lors, des décisions et initiatives sont prises à l’insu de l’ancien chef de l’exécutif congolais, une attitude que dénonce Nouvel Elan.
« A un moment donné, il a fait comme dans Wenge Musica (orchestre musical ) où JB Mpiana qui avait du succès, a été trompé (par ses proches) que c’est lui qui a fabriqué Werrason. Il a commencé à négocier des affaires à sa manière et à négliger son frère. Il a créé son bloc patriotique à mon insu. Pour moi, c’est une question de loyauté par rapport aux principes républicains, ce n’est pas un soutien à une personne. Je soutenais le combat qui veut que pour que le pays marche, il faut la vérité des urnes. Cette vérité n’a pas été respectée (en 2018), mais nous devons combattre pour que la vérité soit respectée demain (en 2023). Pour ça, il faut des réformes. On était loyal pour cette cause-là. Mais ils ont menti l’ami que c’est lui qui m’a fabriqué, oubliant que j’étais Premier ministre. Il a négocié (avec d’autres formations politiques) et a créé le Bloc patriotique », a indiqué Muzito.
Le camp de Martin Fayulu a assuré que les discussions vont poursuivre au sein de la cellule politique de Lamuka, afin de résoudre ces divergences.
Reagan Ndota