Contrairement au président Félix Tshisekedi qui ne reconnaît pas avoir signé un accord politique avec son prédécesseur Joseph Kabila avant la publication des résultats des élections du 30 décembre 2018, Corneille Nangaa qui a dirigé la centrale électorale en ce temps-là, a confirmé qu’il « existe bel et bien un accord politique » entre les deux personnalités, « certifié et validé » par trois chefs d’Etat africains.
La page des élections de 2018 n’est toujours pas tournée, alors que le pays prépare de nouveaux scrutins prévus le 20 décembre 2023. Les chiffres qui étaient publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et confirmés par la Cour constitutionnelle plaçant, pour l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi en première position, suivi de Martin Fayulu et Emmanuel Ramazani Shadary, sont toujours remis en cause. La volonté des Congolais exprimée dans les urnes n’aurait pas été respectée.
Les récentes déclarations de Corneille Nangaa renforcent la position de ceux qui pensent que, c’est Martin Fayulu qui serait le vrai vainqueur, même si Félix Tshisekedi qui, lors d’une conférence de presse à New York, en marge de la 78e Assemblée générale de l’ONU, a rejetté l’existence d’un arrangement politique avec Joseph Kabila qui l’aurait porté à la tête de la RDC.
L’hypothèse d’un compris à l’africaine évoquée par Jean-Yves Le Drian, ancien chef de la diplomatie française, semble pourtant se confirmer. Selon l’ancien président de la CENI, Félix Tshisekedi a « menti » à New York.
« Un accord politique existe bel et bien. Il a précédé la publication des résultats définitifs. J’en suis l’un des co-rédacteurs. Cet accord inaltérable a été signé devant témoins, par le président Tshisekedi et son prédécesseur; L’accord politique « accord politique pour la stabilité de la République démocratique du Congo » a été certifié et validé par trois (3) chefs d’État africains -avec le statut leur reconnu par les deux parties qui l’ont félicité du fait qu’il (accord) a permis la première passation du pouvoir sans effusion de sang en RDC », a-t-il révélé.
En exil, Nangaa soutient que, par ses affirmations contraires à la vérité qu’il détient et qu’il connaît dans son intime conviction, le président Félix Tshisekedi a délibérément choisi la voie des contrevérités sur un fait historique de haute portée.
« A 90 jours de l’expiration irréversible de son mandat, le président Félix Tshisekedi a fait le choix intentionnel d’une fuite en avant, pensant ainsi tromper l’opinion, en niant l’existence d’un Accord politique qu’il a bel et bien, en âme et conscience, conclu avec son prédécesseur, accord dont il sait pertinemment bien que la clause principale le lie. Il ne peut qu’en tirer toutes les conséquences à l’approche de l’échéance du 20 décembre », a-t-il ajouté.
L’accord devrait être rendu public
Pour Corneille Nangaa, Félix Tshisekedi ne saurait se permettre de falsifier un fait historique majeur, ancré depuis janvier 2019 dans la mémoire collective congolaise et non plus se dérober de ses obligations. « Il en va de son honneur et de sa dignité, le respect de la parole étant la marque de grands hommes », a-t-il souligné, appelant le successeur de Kabila à ne pas se croire continuellement malin après avoir floué ses partenaires de Genève, de Nairobi et de l’Union sacrée.
Ainsi, a-t-il préconisé la publication de cet accord politique. « En homme d’État et après 5 années de gouvernance aléatoire de la République sur fond de scandales à répétition, de tentions et de violations intempestives de la Constitution et des droits humains, aucune urgence médiatique ne pouvait démanger le président de la République, chef de l’État et magistrat suprême au point de chercher à condimenter voire même à jeter des balayures par d’incroyables galėjades sur cette page sacrée de l’histoire de notre pays. Mensonges d’Etat. L’accord politique existe bel et bien et il devra être rendu public », a conclu Corneille Nangaa.
Devant la presse à New York, Félix Tshisekedi avait déclaré, notamment que « ceux qui nous parlent de fraude doivent nous en apporter des preuves et dire qui en est responsable ».