Réclamé par plusieurs organisations de la société civile pour briguer la magistrature suprême, Denis Mukwege s’enferme toujours dans un mutisme, à onze mois des élections.
Le prix Nobel de la paix 2018, s’il accepte de présenter sa candidature à la prochaine présidentielle, va devoir affronter le président sortant Félix Tshisekedi porté par une coalition qui ne jure que par sa réélection. Mais pour Mukwege, il faut veiller d’abord à ce que les élections soient transparentes, démocratiques et crédibles.
Au cours d’une conférence dimanche 22 janvier 2023, à Bukavu, au Sud-Kivu, le « réparateur des femmes » a appelé à une « révolution démocratique » pour éviter la fraude électorale.
« J’ai entendu, je suis conscient du problème, et je sais qu’ensemble nous pouvons résoudre les questions qui se posent en RDC. Mais si la base ne s’organise pas, c’est-à-dire que nous serons encore victimes de ce que nous avons connu en 2018 et ça moi je n’accepte pas. Il faut absolument qu’il y ait une révolution démocratique où les gens vont choisir leur candidat, l’amener au pouvoir et lui imposer leurs aspirations. Si vous ne le faites pas, ne comptez pas sur moi », a-t-il dit.
« Il n’y a jamais un État qui peut protéger un autre »
Denis Mukwege est également revenu sur la situation sécuritaire préoccupante dans l’Est du pays. Trop critique vis-à-vis de la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) déployée pour restaurer la paix et sécurité, le médecin-directeur de l’hôpital de Panzi affirme plutôt que « la solution c’est de reconstruire l’armée, la police, les renseignements, pour permettre à ce que la protection des Congolais soit faite par des Congolais ».
« La RDC a une jeunesse capable de pouvoir protéger nos frontières, sécuriser les biens et les personnes. Moi, je suis un Prix Nobel de la paix de la RDC. Etre protégé par des gens qui nous entourent, ce n’est pas une fierté. J’aurai bien souhaité que ce soit les jeunes congolais qui me protègent. Mais qu’est-ce qui arrive ? Nous avons eu le cas de cet enfant qui a expliqué la situation des militaires », a-t-il dit.
Mukwege a, dans la foulée, laissé entendre qu’au « Congo, ce n’est pas seulement un changement qu’il faut opérer », mais souligne-il, « il faut une rupture » car « nous sommes dans un système de prédation », a-t-il dénoncé.
Reagan Ndota