Premier ministre de la RDC de 2012 à 2016, Augustin Matata Ponyo fait l’autopsie de la démocratie dans ce pays qui, après le départ du maréchal Mobutu, espérait vivre dans un meilleur système politique permettant l’amélioration significative des conditions de vie de ses populations.
Le président national du parti « Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD) » a dressé un bilan sans concession. Dans sa tribune intitulée « La fausse démocratie », l’homme à la cravate rouge a démontré que « la démocratie en RDC n’est qu’un simulacre, contrairement à la plupart des pays ».
Pour appuyer sa position, il a évoqué notamment le chaos électoral de 2018. Selon lui, « les meilleurs sont élus par le peuple, mais ne sont pas tous proclamés. Les médiocres ne sont pas élus, mais nombreux d’entre eux sont proclamés vainqueurs. Par ailleurs, la Constitution ainsi que les lois du pays sont systématiquement violées dans le seul objectif d’écarter meilleurs et de favoriser l’émergence des médiocres ».
En démocratie, rappelle-t-il, les élections sont faites pour choisir les meilleurs. Mais en RDC, regrette Matata Ponyo, elles sont faites notamment pour désigner n’importe qui, y compris les médiocres.
« La loi électorale est modifiée à chaque cycle électoral. La Commission électorale nationale indépendante (CENI), en charge d’organisation des élections, est aux ordres du pouvoir. Elle n’est donc pas indépendante. La Cour constitutionnelle devant confirmer les résultats des élections obéit aux instructions de l’Exécutif. Elle n’est pas donc impartiale. En définitive, le processus électoral n’est ni libre, ni transparent, encore moins équitable. C’est ce qui s’est passé en décembre 2018 lorsque la CENI a proclamé plusieurs députés et sénateurs qui n’ont jamais été élus. Malheureusement, ces non-élus ont été confirmés par la Cour constitutionnelle. De ce fait, ils siègent au Parlement, avec un mandat fictif du peuple », a-t-il dénoncé.
Aussi, fustige-t-il, la majorité parlementaire, constituée après les élections et censée rester inchangée tout au long de la mandature, a été retournée.
« Les mêmes députés et sénateurs qui appartenaient à l’ancienne majorité parlementaire ont rejoint l’opposition pour former une nouvelle majorité », a tonné le leader de LGD, soulignant qu’on se retrouve devant de situations invraisemblables où des députés d’un même parti qui appartiennent à la fois à l’opposition et à la majorité au pouvoir. « Qui l’eût cru ? », s’interroge-t-il avant de rappeler que la loi en vigueur interdit formellement ce type de basculement inimaginable et démocratiquement inacceptable.
Face à cette situation « dramatique qui hypothèque totalement » l’avenir des jeunes et de l’ensemble du pays, Matata Ponyo affirme les hommes politiques se doivent d’arrêter de faire du cinéma ou du théâtre démocratique. « Ils doivent appliquer la vraie démocratie en lieu et place d’une fausse comme celle mise en œuvre actuellement », a-t-il exhorté.