Candidat à la présidentielle de décembre 2023 en RDC, Adolphe Muzito n’exclut pas la possibilité d’une candidature commune de l’opposition face au président de la République sortant, Félix Tshisekedi soutenu par Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe. Cependant, précise le Premier ministre honoraire, le porte-étendard de l’opposition doit être porteur d’un programme issu du consensus, des rapports de force, des échanges ou débats entre acteurs de l’opposition.
Alors que le président Tshisekedi a formé une coalition électorale de plus 300 partis politiques, à quelques mois des scrutins, Muzito a, dans une interview accordée à France 24, fait remarquer que « la question de l’opposition ne se pose pas en terme d’unité pour gagner les élections, mais gagner les élections pour quoi faire ? ».
Selon le leader du parti Nouvel Elan, « la force de l’opposition doit être constituée par l’unité de l’opposition autour d’un programme alternatif ».
« …Un candidat qui est porteur d’un programme issu du consensus, des rapports de force, des échanges ou débats entre acteurs de l’opposition. Mais ça présuppose que cette opposition se définisse comme une alternative plutôt que comme une simple force de résistance. Dans notre pays, on a toujours considéré l’opposition comme une force de résistance qui tire sa légitimité dans la protestation, la contestation plutôt que dans la proposition d’un programme alternatif pour changer le Congo », a-t-il expliqué.
Requalification du processus électoral
La RDC est en train d’aller petit à petit vers le glissement du calendrier électoral à cause des contraintes non encore résolues, estime Adolphe Muzito, évoquant notamment le respect du délai constitutionnel.
« J’ai l’impression que, puis que nous devons consolider le fichier aujourd’hui avec la CENI, qu’il faut passer à l’élaboration du projet de loi relative à la répartition des sièges, pour un processus dont l’enrôlement n’a pas eu lieu de quatre territoires (3 dans l’Est et 1 dans l’Ouest), la CENI ne saura pas présenter cette loi (au Parlement) et si on ne présente pas cette loi qui répartit les sièges, il sera difficile de faire appel à candidatures. Par conséquent, on sera hors-delais », a-t-il dit.
Dans la foulée, il a rappelé qu’en son temps, sa famille politique avait proposé au président Tshisekedi d’accepter la mise en place d’un « forum informel qui allait discuter et proposer aux institutions, pour entérinement, des propositions de réformes », mais que ce dernier n’avait pas voulu.
Par conséquent, souligne-t-il, « si nous franchissons les délais constitutionnels, c’est un pouvoir qui va tomber et nous serons dans un vide juridique de sorte que, finalement, la classe politique ou les parties prenantes se mettent d’accord pour reprendre les choses avec des institutions de facto ».
Pour des élections transparentes, crédibles et apaisées, Adolphe Muzito a réitéré sa position de requalifier le processus électoral par l’ensemble des parties prenantes à travers la mise en place des institutions électorales (CENI, Cour constitutionnelle) indépendantes et neutres.
« Je n’ai pas fait un deal avec Tshisekedi »
Contrairement aux allégations portées contre lui par les partisans de Martin Fayulu, candidat de la coalition Lamuka à la présidentielle de 2018, avec qui ils ont milité pour la vérité des urnes, Adolphe Muzito affirme qu’il n’a jamais fait un deal avec Félix Tshisekedi pour rejoindre l’Union sacrée.
Entre Muzito et Fayulu, le divorce est consommé. Les deux personnalités ne partagent plus les mêmes convictions. Le président de l’ECiDé est accusé d’avoir violé la convention de Lamuka, notamment en s’associant avec les auteurs du chaos électoral qui a porté Félix Tshisekedi au pouvoir.
« Monsieur Fayulu est dans une alliance en perspective avec les anciens ; monsieur Katumbi est un ancien de l’Union sacrée, il a élaboré les lois électorales que nous contestions avec Martin (Fayulu), maintenant qu’il est avec lui, c’est pour combattre ce que Katumbi aura fait ? Et les autres qui l’entoure ? Monsieur Matata est né au FCC parce que c’est sénateur du FCC. C’est un attelage des oligarques », a assené Muzito pour qui, « Fayulu est en train de devenir le bouclier de ceux qui étaient hier contre la vérité des urnes ».
« En perspective dans cette opposition, je vois Kabila qui, en même temps, est dans l’Union sacrée, entrain de se faire désormais opposant alors que, c’est lui le maître d’ouvrage du système électoral actuel qui a organisé la fraude », a-t-il fustigé.